Au terme de 52 jours d'atermoiement, le président Macron a donc confié la charge de chef du gouvernement à un homme de droite. Depuis sa nomination le 5 septembre, l'ancien commissaire européen Michel Barnier multiplie les consultations en vue de choisir ses ministres. Cela pourrait prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines. En attendant, dans l'île, une question se pose : qu'en sera-t-il du dossier corse ?
Depuis sa nomination au poste de Premier ministre, Michel Barnier, issu des Républicains, a pris la main.
Pour l'heure, Gilles Simeoni n'a pas souhaité donner d'avis sur les conditions de cette nomination. Cependant, le président du conseil exécutif a envoyé un courrier au premier ministre avec deux questions, dont celle de la relance essentielle du processus de Beauvau.
Néanmoins, l'urgence est aussi ailleurs pour le patron de l'exécutif insulaire :
"Quid de l'impact de la situation budgétaire française sur l'impact de la situation budgétaire en Corse, avec notamment la question brûlante non seulement en termes budgétaires mais également économiques et sociaux de la réindexation de continuité territoriale qui a fait l'objet d'un vote unanime de l'Assemblée de Corse."
Le reportage de Florence Antomarchi, Marion Fiamma et Pierre-Marie de La Foata :
En avril dernier, l'Assemblée de Corse avait demandé une rallonge de 40 millions d'euros.
Or, le premier dossier de Michel Barnier concerne le budget et les économies d'argent public. Une contrainte qui jouera dans la constitution de son gouvernement et de sa majorité.
Les deux députés nationalistes du groupe LIOT en sont bien conscients. Ils restent sur une position d'ouverture.
"Le groupe Liot ne fera clairement pas partie de la majorité, mais il ne fera pas non plus de l'opposition systématique, indique Michel Castellani, député de la première circonscription de Haute-Corse. Ce que l'on essaie de faire, c'est de voir un peu quelle politique sera suivie et de faire pression dans les contacts que nous avons avec le Premier ministre dans le sens d'une politique plus sociale et plus ouverte sur le territoire."
Besoins spécifiques
Concernant la prise en compte des besoins spécifiques de la Corse, un petit espoir réside peut-être dans l'ancienne carrière bruxelloise du Premier ministre.
Commissaire européen des affaires régionales entre 1999 et 2004, Michel Barnier avait alors permis l'inscription dans les traités européens de régions "défavorisées", en jouant l'association.
"Il nous a dit en tant que lobby insulaire que l'on n'y arriverait pas, se remémore Michel BiggiI, ancien directeur technique du réseau Eurisles à la Collectivité de Corse entre 1992 et 2007. Il faut que vous trouviez d'autres partenaires de lobbying et il nous a suggéré d'élargir à la montagne - ce n'est pas un hasard pour la Savoie - aux régions à basse densité et aux régions transfrontalières pour faire un lobby qui a fonctionné puisque ce lobby a réussi à intégrer le fameux article 174 qui traite toutes ces régions, entre guillemets, défavorisées."
Pour l'heure, au seuil de Matignon, les consultations se poursuivent.
Le groupe Horizons, avec à sa tête le député de la première circonscription de Corse-du-Sud Laurent Marcangeli, pourrait être reçu ce week-end.