Patrick Giovanonni un repenti "à la française" devant la justice: une situation inédite

Il s’agit du premier test pour le statut de repenti "à la française": Patrick Giovanonni, sous protection depuis qu'il a dénoncé les membres présumés de la bande du Petit Bar, comparaît depuis hier à leurs côtés à Aix-en-Provence pour l’assassinat d’Antoine Nivaggioni.

Le procès à la cour d’assises d’Aix-en-Provence se tient finalement à huis clos, à la demande de l’avocat de Patrick Giovanonni, qui souhaite ainsi préserver la sécurité et l’anonymat de son client. Ce dernier, en brisant la loi du silence en 2015 a fait tomber plusieurs membres de la bande du Petit bar.

Il a ainsi bénéficié du statut de repenti : en échange d'une collaboration complète, l'État s’est engagé à l’aider à refaire sa vie à l'abri et à changer d’identité. Ce statut, inspiré de la lutte anti-mafia en Italie et aux Etats-Unis, est encore embryonnaire en France. La divulgation de détails sur cette protection est punie par la loi. Le ministère refuse même de communiquer à l'AFP le nombre de statuts de repenti accordés, "compte tenu de la sensibilité de cette matière".

Intervenant : Me Antoine Vinier-Orsetti, Avocat au Barreau d'Ajaccio. Reportage : Romani Marianne ; Bansard Daniel ; Guichard Frédéric.


"Il a peur pour sa vie"


Face à un milieu criminel réputé pour ne pas pardonner la délation, ces efforts seraient réduits à néant par une comparution à visage découvert. Pour éviter le casse-tête juridique, une loi adoptée in extremis en octobre 2017 prévoit la possibilité d'un huis clos, qu'a obtenu hier l'avocat de M. Giovannoni, Me Liénard : "Il a dénoncé des criminels qui ont du sang sur les mains, donc il craint évidemment pour sa vie" a-t-il déclaré lundi à notre micro. Le repenti est arrivé à la cour d'assises d'Aix en Provence encadré par des hommes du Raid lourdement armés.


De cette manière, il "bénéficie de l'anonymat de son apparence physique" et ne peut "être reconnu, dessiné, photographié". Il poursuit:

Il est essentiel qu'on ne sache pas à quoi il ressemble, qu'on ne puisse pas le reconnaître sur son nouveau lieu de résidence


Pas d’immunité pénale


Malgré son statut, Patrick Giovannoni, décrit comme une petite main, ne bénéficie pas d'une immunité pénale, et n'a aucune assurance que la justice lui rende grâce d'avoir parlé. Ses aveux, tardifs, n'ont en effet pas permis d'empêcher le crime.

"On doit le condamner, mais pas à de la prison ferme, car ce serait l'envoyer à la mort", a déclaré à l’AFP Me Liénard, qui redoute des représailles. "On casse le système des repentis s'ils savent que c'est comme ça qu'ils sont remerciés".

Le système de repenti à la française reste "délicat à gérer", confirme, auprès de l'AFP, un magistrat qui a beaucoup travaillé sur le grand banditisme, en Corse notamment. "Malheureusement on est assez loin du système des repentis italiens", poursuit-il. En France, une commission spéciale est chargée d'attribuer le statut, et magistrats et enquêteurs ne peuvent "rien négocier".

"Ensuite, tout ce qui est peine prononcée nous échappe encore plus", autant d'inconnues qui nuisent au développement du dispositif, estime-t-il.


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