Un plan de Véolia pour « liquider » la SNCM ou bien pour la réduire à la potion congrue. C’est la synthèse de ce plan que s’est procuré le journal Le Marin, en ligne depuis ce lundi 24 Mars. Par ailleurs, l'intersyndicale de la compagnie appelle à la grève dans deux jours.
La publication de ce plan intervient alors que l’intersyndicale de la compagnie (à l’exception du STC) a déposé un préavis de grève effectif à partir du mercredi 26 Mars.
Lire le communiqué:
La CFE-CGC réclame la recherche d'un nouvel actionnariat "sans délais"
L'information du Marin vient confirmer les craintes de l’intersyndicale. Elle est publiée sur le site internet du journal entre les deux tours des élections municipales.
Le gouvernement y est soupçonné de tenir un double discours. En effet, l’État est actionnaire de la SNCM et, jusqu’à présent, il a laissé Veolia développer la thèse d’une mise en liquidation de la compagnie, sans vraiment réagir ou s’y opposer.
Une « croisière » vers le naufrage
Le plan porte le nom de « croisière ». On ne sait pas si c’est de l’humour noir ou du cynisme. Il a été conçu par le cabinet Accuracy.
Selon Le Marin, il « prévoit deux scénarios pour la SNCM : une 'continuité' avec un projet qui réduit sensiblement les ambitions de la direction en arrêtant notamment Toulon et une 'discontinuité' qui prévoit, à l’issue d’une liquidation judiciaire, le maintien d’à peine plus de 400 emplois de navigants avec une prise en charge du plan social par l’assurance de garantie des salaires (AGS)".
De plus, le journal estime qu’une Assemblée Générale de Veolia est prévue pour les prochains jours, pour «modifier le conseil de Surveillance». L’objectif serait de destituer le Directoire de la SNCM dirigé par Marc Dufour. Ce dernier s’est opposé, jusqu’à présent, à la mise en redressement ou en liquidation de la compagnie. Il défend, au contraire, un Plan Long Terme (PLT) de relance de la SNCM.
Le PLT défendu par le Directoire actuel repose sur trois piliers principaux :
- Un accord d’entreprise pour améliorer la productivité. Accord signé par tous les syndicats, sauf le STC.
-Le renouvellement de la flotte, après la mise en plan de d’un plan de financement annoncé par le ministre des Transports Frédéric Cuvillier, « avant le 15 Avril ».
-La poursuite de l’activité sur les lignes de Nice et Toulon, en plus des lignes de la DSP qui a débuté en Janvier, entre Marseille et la Corse.
Le PLT prévoit autour de 500 suppressions d’emplois, sur 2000.
Deux solutions assassines
Les deux propositions du plan proposé par le cabinet Accuracy sont, selon les observateurs de ce dossier un choix entre la peste et le choléra. Il s’agirait de « choisir » entre un scénario dit de « continuité » et un de « discontinuité ».
Le premier prévoit l’abandon des lignes autres que celles de Marseille, la réduction du trafic sur le Maghreb, la suppression de nombreux emplois, mai en plusieurs étapes.
Le second prévoit un énorme coût social : un redressement judiciaire, une liquidation et le transfert d’une activité limité à quatre cargos. Bilan : il resterait « 425 emplois en CDI et zéro en CDD ».
Le moment de vérité
La publication de ce plan « de naufrage » entre les deux tours des municipales n’est pas neutre. Rien ne sera tranché avant le deuxième tour (30 Mars). Mais désormais, la pression est aussi sur les épaules du gouvernement. Ce dernier est soupçonné, par plusieurs connaisseurs du dossier de jouer un double jeu.
Une éventuelle réaction gouvernementale, avant le 30 Mars, pourrait donner une indication mais pas forcement une garantie.
C’est encore le journal Le Marin qui posait la question « le gouvernement gagne t-il du temps avant les municipales? ». Une question posée depuis longtemps. A se demander même si ce plan n’est pas, sous une autre forme, dans les tuyaux depuis très longtemps.