C'est le 60e anniversaire du traité de Rome. Le 25 mars 1957, les six membres fondateurs scellaient une coopération vers un avenir commun. En Corse, l’idée européenne s’est imposée comme un moyen de sortir du face à face avec Paris, notamment pour les nationalistes.
Hier à Rome, au lieu de six, ce sont 27 États qui fêtaient cette mémoire. Des institutions sous tension depuis 2005, un modèle financier en crise depuis 2012 avec la Grèce, des valeurs en perdition avec les réfugiés. En Corse aussi, l'anémie européenne se lit.
Les taux d'abstention, même en baisse, restent perchés à près 65%. Surtout, c'est lors des élections européennes que les Corses votent le plus pour le Front national, ouvertement anti-européen.
L'idée de l'Europe est ici aussi sans grande passion. Mais depuis 1979, sept eurodéputés insulaires ont construit une approche pragmatique. D'abord à la recherche de moyens financiers.
Car la politique régionale européenne vise en premier lieu à la réduction des écarts de richesse. Et la Corse en bénéficie, comme le disait en son temps François Musso, eurodéputé de 1984 à 1994, RDE, centre droit.
Mais aussi, l'exercice du pouvoir européen crée une distance utile avec les institutions nationales comme l’affirmait Jean Baggioni, eurodéputé de 1994 à 1999, RDE, centre droit.
Dernier outil enfin, la question des particularismes. Si Jean Baggioni a défriché la question des iles, l'eurodéputé corse nationaliste François Alfonsi renforce, entre 2009 et 2014, le pont entre les régionalistes et les écologistes.
C'est cet héritage que la Collectivité Territoriale de Gilles Simeoni reprend en multipliant les déplacements, comme à Malte où il est élu président de la Commission des iles, comme Jean Baggioni en son temps. Une belle boite à outils mais pas de quoi, sans doute, faire face aux soubresauts terribles qui s'annoncent.