Grogne des policiers : le "ras-le-bol" à Bastia et Ajaccio

Intervenants : Luc Riche, brigadier // Policier anonyme // Sylvain Guimondn, syndicat Alliance

Une centaine de policiers se sont rassemblés mardi 25 octobre à Bastia et Ajaccio, par solidarité avec leurs collègues du continent victimes de violence, mais aussi pour dénoncer "un ras-le-bol général" concernant leur manque d'effectifs et de matériels.

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"C'est un ras-le-bol général"

Le mouvement national de protestation des policiers se propage. A l’appel du syndicat Alliance, des policiers se sont rassemblés mardi devant le Palais de justice d’Ajaccio (Corse du Sud).

En Haute-Corse, c'est sous une bannière asyndicale, qu'une centaine de fonctionnaires de police se sont regroupés devant le commissariat de Bastia avant d'entamer une marche vers la préfecture, où une délégation a été reçue.

Deux voitures pour tout Bastia

Les fonctionnaires de police dénoncent en Corse un problème d'effectifs et de matériels qui nuit à la réalisation de leurs missions. "Cela fait une quinzaine d'années que c'est la politique du chiffre, on ne nous permet pas de faire notre travail de policiers", témoigne un fonctionnaire sous couvert d'anonymat.

"On nous demande plus d'administratif, de faire remonter des stats sur Paris et ça on n'en peut plus, on n'arrive pas à fournir à la société les moyens d'être sécurisée. (...) Il y a un souci d'effectifs, de gardes statiques qui ne nous permet d'équiper des voitures de police-secours".

"Ce soir pour la nuit, c'est exceptionnel on arrive à avoir deux police-secours pour tout Bastia (Bastia ville et son agglomération), et une BAC (Brigade Anti Criminalité, ndlr), ce qui n'est pas tout-à-fait suffisant comparé aux effectifs d'il y a quinze ou vingt ans où on était deux fois plus", déplore-t-il. 

Violences

Et comme leur collègues du continent, les policiers corses réclament une réforme de la légitime défense et la création d’une peine plancher pour les agressions de policiers.

"On veut que le respect des fonctionnaires de police soit rétabli et que leur protection soit réaffirmée, notamment dans la réforme de la légitime défense, en intégrant cette notion de danger imminent et il faut également que les sanctions pour les auteurs de violences envers les fonctionnaires de police ou gendarmes, forces de l’ordre, soient punis sévèrement. Il faut que l’auteur de violences sache qu’il prend un risque énorme en s’attaquant aux forces de l’ordre", estime Sylvain Guimond, du syndicat Alliance.

Juges vs policiers

Au niveau national, plusieurs syndicats de magistrats ont dénoncé les manifestations devant les Palais de justice. « Quelqu’un peut-il m’expliquer sérieusement, sans arrière pensée politique, comment les juges pourraient régler les problèmes des policiers ? », demande la Présidente de l’Union Syndicale des magistrats sur twitter.

Le Syndicat de la magistrature a également réagi.

Syndicats reçus

Partout en France, les mobilisations à l'appel des syndicats ont été plus faibles que les manifestations qui se sont déroulées hors cadre syndical.

Le garde des Sceaux qui avait reçu la semaine dernière les syndicats de policiers a réfuté mardi tout "laxisme" de la justice. "Il en va du laxisme comme de la météo, il y a la réalité et la température ressentie", a estimé Jean-Jacques Urvoas à l'Assemblée nationale.

Il en va du laxisme comme de la météo, il y a la réalité et la température ressentie. J.J. Urvoas


Il a indiqué que l'an dernier, 17.860 condamnations avaient été prononcées pour des infractions contre des personnes dépositaires de l'autorité publique. "Il s'agit d'attirer l'attention des pouvoirs publics et en particulier du président de la République, montrer que les policiers se mobilisent", a expliqué Philippe Capon (Unsa). "Il n'est pas question de regagner du terrain. Le terrain, on l'a, les adhérents sont là, on représente une grande partie des policiers", a-t-il ajouté rappelant que "85% des policiers ont participé aux élections professionnelles".

 

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