Procès du double assassinat de Bastia-Poretta: « On s’est retrouvés dans la tête des tueurs »

Les enquêteurs qui ont lu les 3000 messages échangés entre les accusés ont expliqué comment ils étaient parvenus à comprendre les ressorts d’une vengeance.

"On s’est retrouvés dans la tête des tueurs. Ces messages nous permettaient de comprendre l’organisation, la dynamique du groupe", a expliqué le commandant de la Brigade Nationale de Lutte contre le Crime Organisé Corse.

Le 12 décembre 2012, une semaine après l’assassinat de Tony Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, Christophe et Richard Guazzelli sont arrêtés pour un trafic de stupéfiants.

Les enquêteurs saisissent des téléphones PGP, réputés inviolables. Tous les membres du groupe, soupçonnés d’avoir participé au double assassinat de Bastia-Poretta conversent par messages en toute confiance.

3000 messages décodés

3000 messages ont été décodés. Ils rendent cette enquête exceptionnelle. "Il n’y avait pas de filtres car les intéressés se pensaient à couvert. Ils sont convaincus que ces téléphones ne peuvent pas être décryptés", commente le commandant de police qui a lu et analysé les messages échangés.

Au moment de son arrestation, Richard Guazzelli a bien tenté d’avaler la puce de son Blackberry, de la mâcher, en vain. Les messages seront récupérés sur le téléphone, saisi par les enquêteurs. Le Blackberry saisi est utilisé également par le frère de Richard, Christophe, considéré comme l’instigateur du double meurtre. Cet appareil va livrer le plus grand nombre de conversations.

Ange-Marie Michelosi, lui, a jeté son Blackberry dans le réservoir d’eau des toilettes du commissariat. Christophe Andreani l’a brisé.

Mais avec le téléphone de Richard et Christophe Guazzelli et la prouesse d’un expert de le décrypter, les enquêteurs parviennent à la conviction que Christophe Guazzelli, son frère, et ses amis ont préparé et commis le double assassinat de Bastia Poretta dans le but de venger leur père, un baron de la Brise de mer, assassiné en novembre 2009 alors qu’il allait à la chasse.

"Christophe Guazzelli ne parle que de vengeance", affirme le commandant de la brigade de lutte contre le crime organisé Corse.

"À mon père, je lui ai promis ma vie", écrit-il. Selon les enquêteurs, il revendique très vite d’avoir vengé son père auprès de son fidèle ami Christophe Andreani :"J’ai fait tomber deux parrains".

Selon les enquêteurs, malgré "un passage à l’acte"  soit le double assassinat, Christophe Guazzelli ne semble pas avoir assouvi sa soif de vengeance. "Dans les flaques de sang, je n’ai pas retrouvé mon père", lisent les enquêteurs sur un téléphone attribué à Katana.

"Va chez Cathy Sénéchal"

C’est toujours sur le téléphone Katana, que les enquêteurs parviennent, en avril 2018, à trouver l’identité de cette femme vue sur les images de vidéo-surveillance à l’aéroport de Bastia-Poretta le jour du double assassinat de Tony Quilichini et Jean-Luc Codaccioni.

Un message daté du 8 décembre 2017, soit deux jours après les faits est envoyé au pseudonyme Natio : "Va chez Cathy Sénéchal".

Cathy Senechal, aujourd’hui Cathy Chatelain, c’est le nom d’une surveillante de prison qui travaille à Borgo. Les enquêteurs sont parvenus à mettre un nom sur cette femme aux longs cheveux noirs, qui court vers Tony Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, quelques secondes avant les coups de feu sur les images filmées par les caméras de l’aéroport.

"Va chez Cathy Sénéchal" serait inclus dans une conversation au sujet d’une remise d’un produit pour l’empoisonnement d’un détenu à la prison de Borgo.

En l’absence des avocats de Christophe et Richard Guazzelli, aucun élément contradictoire n’a pu être entendu à l’audience.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Corse ViaStella
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité