Procès en appel de Joseph Aguzzi : aux jurés, la défense implore de sauver l’accusé de « l’erreur judiciaire »

Au cinquième jour du procès en appel de Joseph Aguzzi pour l’assassinat de Laurent Bracconi, en juillet 2015 à Bastia, les avocats de l’accusé ont demandé à la cour et aux jurés de l’acquitter et ainsi de « le sauver d’une erreur judiciaire ». Plus tôt, l’avocate générale a requis 15 ans de réclusion criminelle contre le sexagénaire.

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Alors qu’elle avait passé la semaine dans les derniers rangs du public, la famille de Joseph Aguzzi a, en ce cinquième jour d’audience, gagné le premier rang. A quelques mètres d’elle, dans le box, leur époux, père, grand-père, beau-père.

Pendant plusieurs heures, les trois avocats du sexagénaire, accusé de l’assassinat de Laurent Bracconi en juillet 2015 à Bastia, se sont succédés à la barre. Et ont essayé de montrer que rien, dans le dossier dans lequel Joseph Aguzzi est inculpé, ne prouve sa culpabilité. Tous ont demandé l’acquittement.

Me Jean-André Albertini rappelle ainsi qu’il « faut être jugé sur des preuves ». Des preuves qui, à ses yeux, sont inexistantes dans la procédure. « Le timing avancé ne tient pas, il n’y a pas de sacoche car elle n’existe pas, il n’y a pas d’éléments scientifiques, on dit que le tireur arrive de face, or Joseph Aguzzi ne peut pas tirer de face. »

La « preuve absolue » se résumerait alors, selon l’avocat, « à une confusion dans les dates de travaux chez son ami Gilbert qui habite à quelques mètres du bar ». L’accusation estime que Joseph Aguzzi a profité de ces travaux pour « faire des repérages », durant quinze jours, avant de passer à l’acte. L’accusé soutient, lui, qu’il n’y travaillait que depuis quelques jours. « Ce n’est pas parce qu’on est chez un ami, à quelques mètres, que l’on se promène, que l’on fréquente les établissements. On l’aurait aperçu, ce n’est pas le cas. Et si tel avait été le cas, Laurent Bracconi n’en aurait parlé à personne ? », interroge Me Jean-Sébastien de Casalta. 

« J’ai des embrouilles avec le bar, on veut me le prendre »

Pour la défense, une piste a été trop vite écartée par les enquêteurs, celle du grand banditisme. « Laurent Bracconi a été condamné à huit ans prison pour association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat en 2003, rappelle Me Lia Simoni. Huit ans sur les dix maximum. »

Des proches « demandent qu’on s’intéresse à cette condamnation, parlent de la piste Mattei », complète Me Jean-André Albertini. « Mais les enquêteurs n’ont jamais rien cherché. Peut-on exclure que tel n’était pas le cas ?, s’interroge Me Jean-Sébastien de Casalta. Il y a aussi cette affaire de racket. Un enquêteur est venu ici rapporter les propos de Laurent Bracconi qui, 10 jours avant les faits lui rapporte : ‘J’ai des embrouilles avec le bar, on veut me le prendre. Ça va être chaud’. »

« Ce papi est incapable de ce dont on l’accuse »

Quant aux témoignages des personnes présentes au moment des faits, Me Jean-André Albertini souligne que les « descriptions du tireur ne sont pas concordantes. Sur les quatre témoins, une seule parle de corpulence. Et c’est seulement sur ça que s’appuie l’accusation. Personne n’a reconnu Joseph Aguzzi», continue Me Jean-André Albertini. 

Pour Me Lia Simoni, l’accusé « n’aurait pas pris le risque de faire appel s’il n’était pas innocent. » «  Ce papi est incapable de ce dont on l’accuse, il n’en a pas la carrure. Et puis il a besoin d’aider Nicole, abrutie par les médicaments et les circonstances qui l’ont fait se retrouver ici », poursuit-elle. 

A l’attention des jurés, elle demande de répondre « non » aux diverses questions auxquelles ils devront réfléchir lors de leur délibération. « Répondre non, c’est sauver Joseph Aguzzi de l’erreur judiciaire », martèle-t-elle. 

Me Jean-Sébastien de Casalta décrit le travail des jurés comme « un débat de conscience ». Il argue : « le verdict est d’abord une décision individuelle, vous n’avez de compte à rendre qu’à vous même, pas à l’institution judiciaire. Il n’y a pas de hiérarchie. »

Dans la matinée, l’avocate générale a requis 15 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Joseph Aguzzi. En première instance, l’accusé a été condamné à 12 ans de prison. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu, ce vendredi, en fin de journée. 

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