Ce jeudi 6 octobre s'est ouvert le procès en appel de Yassin Salem devant la cour d'Assises d'Ajaccio. L'homme est accusé de viols commis sous la menace d'une arme, d'agression sexuelle et d'exhibition sexuelle. À la barre, trois experts psychologues et psychiatres ont dressé son portrait.
"Immature", "inconséquent", "lisse", "superficiel". Les trois experts psychologues et psychiatres qui se sont succédé à la barre, ce jeudi 6 octobre, sont unanimes sur la personnalité de Yassin Salem, dont le procès en appel pour viol commis sous la menace d'une arme, agression sexuelle et exhibition sexuelle vient de s'ouvrir devant la cour d'Assises de Corse-du-Sud.
Les faits qui lui sont reprochés se déroulent entre le 24 juin et le 8 juillet 2017. Dans ce laps de temps il aurait violé, sur le bord d’une route et sur la plage, deux femmes assises sur le banc des parties civiles, et agressé sexuellement une troisième en marge d'une soirée organisée sur une plage. En première instance, la cour d'Assises de Haute-Corse avait condamné Yassin Salem à 18 ans de réclusion criminelle.
"Circulez, il n'y a rien à voir"
Ce jeudi, l'expert psychiatre est le premier à prendre la parole. Il décrit un homme sans problème clinique apparent, ni troubles anxieux et sans antécédent dépressif. Une chose le marque : "il parle d'un ton monocorde et n'exprime pas d'affect particulier". Durant l'expertise, l'accusé décrit les viols qui lui sont reprochés comme des "relations sexuelles consenties et nie l’exhibition". Quand les faits sont évoqués, "il ne présente pas la moindre émotion, pas de remord, pas de révolte, il est totalement lisse".
Des traits de personnalité appuyés par une experte psychologue qui rencontre Yassin Salem après un an d'incarcération. Elle ne décèle pas non plus de "troubles psychiatriques" et évoque un jeune homme doué "d'une capacité de réflexion limitée". "Il a un discours pauvre, n'analyse rien, tout est très superficiel. Comme s'il disait 'circulez, il n'y a rien à voir'". Lorsqu'il est question des faits : "tout devient plus laborieux, imprécis. Il est mal à l'aise. Il est difficile à suivre et à comprendre. Je n'arrive pas à suivre son récit."
Ne pas « décevoir son père »
Yassin Salem ne présente pas de « carences éducatives » et parle de « bonnes relations avec son père ». Un père qui « le croit innocent » et qui « dans la tête de l’accusé le pense incapable de faire quelque chose pareil », souligne l’experte psychologue.
Ainsi, dans l’hypothèse d’une culpabilité, Yassin Salem pourrait mentir pour ne pas « trahir la confiance de son père ». « Ce serait trop difficile. Il a encore une vision enfantine de ses parents, poursuit l’experte. Comment pourrait-il reconnaître sa culpabilité devant cet homme là, qu’il considère encore comme un tuteur ? »
Interrogé par le conseil de l’accusé, Maître Julien Pinelli, sur les raisons pouvant pousser un individu, comme son client, à peu s’exprimer, l’expert psychiatre répond : « La honte ou le poids familial ». « Certains mentent et s’enferment dans le mensonge, ne peuvent plus en sortir car s’ils reconnaissent les faits, ils risquent un rejet familial », précise-t-il.
L’injonction de soins recommandée
Néanmoins, le profil de Yassin Salem reste « inquiétant ». Dans le cas d’une culpabilité, l’un des experts déclare : « c’est un sujet multirécidiviste avec un mode opératoire simple mais efficace. Il présente un indice élevé de dangerosité. »
Tous recommandent une injonction de soins si l’accusé est reconnu coupable. «On peut voir que les limites ne sont pas du tout intégrées. Il y a du travail, mais il est jeune et rien n’est impossible », souligne l’un des psychologues. « Cela peut être une très bonne mesure à condition qu’elle ne dure pas trop longtemps. Parfois nous voyons des injonctions de soins de 15 ans ... ça ne veut rien dire, le psychologue et la personne suivie n’ont plus rien à se raconter », complète le psychiatre.
Interrogé par la présidente du tribunal sur les traits de personnalité présentés à la barre, Yassin Salem a gardé le silence.