À quelques jours du procès de Jacques Santoni, parrain présumé de la bande du Petit bar d'Ajaccio, renvoyé aux assises dans l'enquête sur l'assassinat du nationaliste et chef de l'entreprise SMS, Antoine Nivaggioni, l'avocat de l'accusé a livré son ressenti quant à l’affaire à l’AFP.
Antoine Nivaggioni a été tué le 18 octobre 2010 après une tentative ratée quelques mois auparavant. Jacques Santoni, 40 ans, tétraplégique depuis un accident de moto en 2003, est accusé d'avoir été le commanditaire de l'opération.
Cinq autres membres ou proches de la bande du Petit bar seront jugés à ses côtés à partir du 19 février devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence, dont Patrick Giovannoni, premier bénéficiaire du statut de repenti en France.
« Antoine Nivaggioni bénéficiait d'un dossier secret-défense. Quand nous avons demandé en 2016 qu'il soit levé, cela nous a été refusé. Cela contrevient aux droits de la défense », a déclaré à l'AFP l'avocat de Jacques Santoni, Pascal Garbarini.
La victime « a été mise en cause dans des assassinats sur fond de guerre entre nationalistes et pour ses liens étroits avec les services de l'Etat. Quels sont les secrets qu'elle a fournis à ces derniers pour que son dossier reste classé ? », s'est-il interrogé.
Le juge refuse la levée du secret-défense
Nivaggioni « avait un rôle au sein des services », avait reconnu en février 2014 Bernard Squarcini, ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue la DGSI), dans un entretien à Corsica.
En avril 2016, le juge d'instruction en charge de l'enquête avait refusé de transmettre la demande de levée du secret-défense, estimant que « l'enquête s'est appuyée sur des faits constants et des témoignages qui ne peuvent être remis en cause par des suppositions ou des élucubrations (...) sans rapport direct avec les faits eux-mêmes ».
La bande du Petit bar, pendant sudiste de la bande bastiaise de la Brise de mer, s'est constituée autour du parrain présumé du sud de l'île, Jean-Jé Colonna, mort dans un accident de voiture en 2006, et de son « héritier », Ange-Marie Michelosi, assassiné en 2008.
Jacques Santoni a été mis en examen en décembre 2013 dans le cadre d'un autre assassinat, celui de l'ancien bâtonnier de Corse Antoine Sollacaro, le 16 octobre 2012, dans une station-service de la route des Sanguinaires à Ajaccio.
Outre les assassinats, la justice enquête sur plusieurs dossiers (trafic de stupéfiants, braquages, extorsion de fonds) impliquant la bande du Petit bar.