Reportée à deux reprises, faute d'emploi du temps chargé du ministre de l'Intérieur, le quatrième comité stratégique relatif à l'avenir institutionnel de la Corse se tient ce mercredi 7 juin à Paris. Il sera notamment question du foncier.
Annoncée le 16 mai, reportée onze jours plus tard au 25, puis à nouveau décalée faute à l'emploi du temps trop chargé du ministre de l'Intérieur, la quatrième réunion entre Gérald Darmanin et les élus insulaires se tient ce mercredi 7 juin, dans les locaux de Beauvau.
Le dernier rendez-vous remontait à la fin février dernier. Cette fois, la délégation corse a fait connaître son ambition de discussions politiques plutôt que techniques, et de propositions concrètes de l'Etat en vue d'une potentielle autonomie.
"Moi, je ne viens pas pour discuter du prix du m2 à Bastia, à Ajaccio, à Antibes, ou à Fréjus, glisse Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte. Je viens aujourd'hui en homme politique, et en espérant rencontrer des personnes qui se placent à ce niveau."
Urbanisme et foncier en question
Au menu justement de ce mercredi : l'urbanisme et le foncier. Un sujet primordial pour la Corse, et qui cristallise déjà des désaccords marqués entre ministère et élus insulaires. Ces seconds avaient ainsi été invités à formuler leurs attentes dans ce cadre, propositions pour la plupart retoquées dans un rapport produit par les services de Beauvau, au grand agacement des élus.
Parmi les idées quasiment écartées par Gérald Darmanin, l'idée d'un statut résident, ou encore celle d'une fiscalité immobilière spécifique à l'île, portées par les nationalistes. Mais également celles avancées par le groupe Un Soffiu Novu, visant principalement l'indivision successorale et les donations.
"On va en discuter, indique Jean-Martin Mondoloni. Mais nous n'acceptons évidemment pas que tout soit mis dans le même panier, aussi bien des propositions très faciles à mettre en œuvre que sont les nôtres, - et on veut faire la démonstration qu'à droit constant on peut améliorer les choses -, que des propositions beaucoup plus ambitieuses qui sont celles de la majorité territoriale, et qui nécessitent la révision de la Constitution."
Le document argumente son presque refus par un "coût pour les finances publiques des mesures proposées qui serait potentiellement très élevé". Une justification rejetée par Jean-Martin Mondoloni : "Je ne veux pas croire que l'état soit à ce point pécunieux et ne dispose pas d'un million d'euro pour relancer le GIRTEC [Groupement d'Intérêt public pour la Reconstitution des Titres de propriétés En Corse] par exemple. Je crois qu'il faut toute proportion garder, considérer que la Corse ne représente que 0,5% de l'ensemble national, et que les coûts réclamés pour la sortir d'un non-développement chronique sont lilliputiens par rapport aux coûts engendrés par l'Etat, notamment pour ce qui touche aux 2.000 milliards de dette accumulés ces dernières années."
Tensions suite à la proposition de loi du groupe Liot
Autre possible point de crispation entre la Corse et Paris : depuis le dépôt de la proposition de loi du groupe Liot, qui vise à abroger la loi sur les retraites, et qui sera examinée demain à l'Assemblée nationale, les relations se seraient tendues dans le cadre de ces négociations pour l'autonomie.
"Ce sont deux sujets complètement déconnectés, insiste Michel Castellani, député de la première circonscription de Haute-Corse et membre de la délégation insulaire. Nous sommes d'un côté des députés de plein exercice, et nous agissons à l'Assemblée nationale sur tous les sujets qui se présentent, et le sujet des retraites est majeur. Et nous sommes de l'autre les représentants de la Corse dans ses intérêts fondamentaux, que nous comptons bien défendre ici et aujourd'hui."
Prochaine réunion avant le 14 juillet
Une nouvelle réunion globale devrait se tenir à Paris avant le 14 juillet, indique le président de l'exécutif de Corse, Gilles Simeoni. Il précise qu'un vote et un débat sur le projet d'autonomie sera organisé avant cette dernière au sein de l'Assemblée de Corse.