Les députés ont débuté lundi 27 mai l'examen du projet de loi sur la fin de vie. La réécriture en commission spéciale mi-mai de l'un des critères nécessaires pour une aide à mourir crée des tensions. Les débats s'annoncent techniques, et crispés. Comment les députés insulaires abordent cette question sociétale ?
Lundi 27 mai, Catherine Vautrin a défendu à l'Assemblée nationale un modèle français de l'aide à mourir.
“Nous ne faisons par exemple pas le choix que font la Belgique, les Pays-Bas ou le Canada qui ouvrent l'aide à mourir aux mineurs et aux personnes souffrant de troubles mentaux”, a déclaré à la tribune la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.
C'est pourtant ce que craint Laurent Marcangeli. Le député de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons avait voté en faveur de la loi Clayes-Leonetti en 2016, mais s'inquiète de l'évolution législative.
Il s'oppose aux dispositions réécrites en commission spéciale : “La commission spéciale a supprimé la notion de pronostic vital engagée à moyen ou à court terme. Il me semblait qu'il s'agissait d'un garde-fou particulièrement important. Le deuxième sujet qui me pose problème, c'est l'administration du produit létal par un tiers et non pas par un professionnel de santé.”
3 300 amendements
L'examen de la loi s'ouvre, avec 3 300 amendements à examiner. De tous bords, une majorité large de députés entend renforcer les soins palliatifs et la prise en charge de la douleur. C'est l'objet des cinq premiers articles du projet de loi.
Mi-mai, Paul-André Colombani, médecin et député LIOT de Corse-du-Sud, a pris part à la commission spéciale "fin de vie" en insistant pour que la loi garantisse des moyens et un accès aux soins palliatifs à tout citoyen.
En l'état actuel du texte, il pense s'abstenir : "On n'est peut-être pas les plus mal lotis en Corse, mais malheureusement, même sur l'île, il manque beaucoup de choses, notamment dans le lieu rural, dans le dernier kilomètre, dans les équipes qui vont à la maison, au domicile des patients, il manque aussi beaucoup de formation chez les soignants."
Aucune consigne de vote
Les trois députés insulaires de Liot, ont signé un amendement pour que l'aide à mourir s'appelle plutôt "l'interruption volontaire d'énergie vitale". Protéger les soignants et assurer la liberté individuelle, le député de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva y voit un progrès social.
"On est sur une légalisation de l'aide à mourir, ce qui veut dire qu'on dépénalise pour les personnes qui pourraient intervenir, c’est-à-dire un médecin, en respectant la clause de conscience, un infirmier ou une personne majeure que la personne concernée désigne elle-même. C'est un process, certes, qui peut inquiéter. Néanmoins, c'est essentiel de le mettre. C'est essentiel aussi de le clarifier."
Son collègue Michel Castellani ne nous a pas fait connaître sa position. Sur ces sujets sensibles, de fortes divergences existent au sein même de chaque groupe. Aucun parti n'a donné de consigne de vote.
Le reportage de Marie-France Giuliani et Franck Rombaldi :