Il y a 65 ans, le soulèvement de la population corse allait entraîner la fin de la IVe République et le retour du Général de Gaulle au pouvoir. Pourtant, l'histoire semble avoir oublié le rôle de la Corse dans ce "coup d'État". Pour quelles raisons ? Luc Mondoloni et ses invités interrogent les ressorts de nos amnésies collectives dans un nouvel épisode de "Mémoire Courte" ce lundi 13 mai à 20h45.
Avant la "Révolution de mai 68" qui a changé la société, il y a eu le "Coup d'État de mai 58" qui a changé le régime. Tout est parti d'Alger où les généraux Massu, Jouhaud et Allard s’emparent du pouvoir le 13 mai, déterminés à tout entreprendre pour que l’Algérie reste française. C’est le premier Putch d’Alger. Un comité de salut public, organisation insurrectionnelle placée sous l'autorité des militaires, est constitué. La situation est bloquée et très vite les réseaux gaullistes s’activent pour faire réclamer par la foule le retour de l’homme providentiel, le Général de Gaulle, à la tête de l’Etat.
24 mai 1958 en Corse, l'opération résurrection est en marche et va faire vaciller la IVe République.
À Paris, où l’Assemblée nationale vient d’élire René Pflimlin, partisan de la méthode douce en Algérie, comme Président du Conseil, la confusion est extrême. Surtout quand la Corse, terre de colons et terre gaulliste depuis la Seconde Guerre mondiale, entre dans la danse.
Dès le 21 mai, la voix du député Pascal Arrighi annonce sur Radio-Alger : "Il y a quinze ans, la Corse, premier département français libéré, se plaçait sous l’autorité du général de Gaulle. Les Corses se doivent de continuer cette tradition et d’être à la pointe du combat. Constituez, partout, des comités de salut public".
Le 24 mai, les parachutistes du capitaine Mantei occupent la préfecture d’Ajaccio. Le préfet Savreux est mis en résidence surveillée. Le 25, ils sont à Bastia. Le colonel Thomazo est alors nommé "commandant civil et militaire de la Corse" par le général Salan. Il a les pleins pouvoirs.
Jean Baggioni fut le premier président du Conseil Exécutif de l'Assemblée de Corse en 1992. Il a vécu les événements de mai 1958 et a participé activement à la mise en place d'un comité de salut public des jeunes.
Le Président Pfimlin a beau dire, sur les ondes de la RTF que "la rébellion des Corses est inexcusable", "l’opération résurrection" est en marche et rien ne l’arrêtera… Hormis la parole du reclus de Colombey qui, quelques heures plus tard, se met à la disposition de la IVème République vacillante, pour l’enterrer immédiatement !
La Corse oubliée du putsch de mai 58, pourquoi ?
65 ans après, le rôle de la Corse dans ce "coup d'État" est minimisé dans nos manuels scolaires et quasi absent de la mémoire insulaire. Pour quelles raisons ?
Parce que cet épisode ne trouve pas sa place, non plus, dans les travaux des historiens ? "Mai 58 constitue l’un de ces moments qui tendent à confirmer la position ambiguë de l’île dans l’ensemble national, à mi-chemin entre l’espace métropolitain proprement dit et l’espace impérial" écrit Vanina Profizi. Parce que le pouvoir gaullien a eu tôt fait d’occulter les circonstances exactes de son arrivée au pouvoir ? Parce que cela renvoie l’image d’une Corse où les tenants d’une Algérie française avaient force de loi jusque dans les années 60 ? Une Corse qui colonisait avant l’émergence d’une revendication opposée...
📺 Autant d’hypothèses que soulèvent les invités de Luc Mondoloni dans ce nouvel épisode de "Mémoire Courte", le magazine qui interroge les ressorts de nos amnésies collectives, à voir lundi 13 mai à 20h45 sur ViaStella.
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