Secteurs économiques particulièrement exposés, une insularité qui amplifie le phénomène... Après six mois de travail d'ateliers menés entre élus, collectifs anti-mafia, magistrats, universitaires, la présidence de la collectivité de Corse a publié un rapport sur les dérives mafieuses.
« Il est de notre responsabilité de débattre de dérives qui portent atteinte à la vie humaine, à la vie sociale, et qui sapent toute idée de liberté et de progrès. » Le rapport de neuf pages de la collectivité de Corse commence par rappeler les conséquences des dérives mafieuses. Propos tenus par la présidente, lors de la séance sur ce sujet le 18 novembre 2022.
À la suite de cette séance, cinq ateliers, ont été mis en place. 35 réunions organisées avec des universitaires, magistrats français, italiens, mais aussi des directeurs de service potentiellement exposés à des pressions mafieuses.
Pour le collectif « A maffia no, A vita ie », il faut continuer ce travail en commun. « Il faut faire porter l’action à la fois sur les problèmes qui peuvent se faire à droit constant, et nous avons fait des propositions. Et sur les problèmes où le droit doit évoluer et notamment le statut de repenti, le fait d’avoir des juridictions sans jurés et enfin le fait de faire avancer le délit d’association mafieuse. On nous dit que c’est liberticide, mais je dis et je répète, que la loi la plus liberticide, c’est celle de la mafia qui nous est imposée », soutient Josette Dall’ava Santucci, membre du collectif.
Peu de propositions ?
Le rapport évoque l'immobilier, le traitement des déchets, ou les marchés publics comme des secteurs économiques à risque. Le document propose la mise en place d'un centre de ressources informatique, et une commission permanente qui se réunirait une fois par an.
Des propositions vides pour un des collectifs anti-mafia. « On est déçu parce que sur neuf pages, il y a deux propositions vides de sens. On ne peut pas demander la création d’une commission et qui se réunisse une fois par an seulement. Ce n’est pas possible. On ne peut pas travailler une fois par an sur un dossier aussi sérieux », dénonce une de ses membres.
Les collectifs anti-mafia attendent à présent le rapport de l'exécutif sur les dérives mafieuses.