Des inondations mortelles en Emilie-Romagne aux incendies géants qui dévorent l'Espagne, les épisodes extrêmes d'intempéries et de sécheresse se multiplient en Méditerranée. Peut-on parler d'une "tropicalisation" du climat ? Qu'en est-il pour la Corse, balayée par la pluie en cette mi-mai ?
De la pluie et un temps maussade depuis cinq jours, une météo pour le moins inhabituelle pour la Corse en cette fin mai.
Est-ce là un nouveau signe du dérèglement climatique à l’œuvre ? Il est trop tôt pour le savoir.
Alors que le gouvernement va lancer, mardi 23 mai, une consultation pour définir à quel scénario la France doit se préparer en matière de réchauffement climatique, l'impact sur la Méditerranée apparait bien réel.
Inondations
Depuis trois jours, les inondations en Italie et les feux de forêt en Espagne en témoignent.
En Emilie-Romagne, il est tombé l’équivalent de six mois de précipitations en quelques heures. Le bilan est lourd : quatorze personnes ont perdu la vie et les dégâts se chiffrent à plusieurs milliards d’euros.
Pour les experts, à l’instar de Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement, la méditerranée est particulièrement exposée à ces évènements météorologiques violents.
"Ce que l'on sait, c'est que dans les régions méditerranéennes, pendant l'été, il va pleuvoir moins souvent, très probablement, mais lorsqu'il va pleuvoir, il va pleuvoir beaucoup, indique la spécialiste. Ça veut dire qu'on va avoir beaucoup d'eau en peu de temps, de manière brusque sur des sols qui peuvent être secs, voire très secs. Cela vient augmenter le ruissellement et donc le risque inondation. Il y a vraiment besoin d'une adaptation à ce genre de phénomène qui va se multiplier."
Des phénomènes brusques et intenses, à l’image de celui que la Corse a connu le 18 août dernier.
Le passage d’un "derecho", un orage d’une violence extrême, a fait cinq morts et des dégâts considérables sur la côte occidentale de notre île.
Feux de forêt
L’autre inquiétude concerne les feux de forêt.
8 500 hectares brûlent en ce moment même, à l’est de l’arc méditerranéen, en Estrémadure en Espagne. L’incendie, "hors de contrôle" selon les pompiers, est favorisé par la sécheresse qui touche la région.
Pour le capitaine Jean-Antoine Demedardi, pompier volontaire et expert dans la gestion des risques, l'intensité des phénomènes est une préoccupation majeure : "La doctrine française de lutte contre les feux de forêt, qui est une lutte intégrée, est efficace, tant qu'on a des conditions qui sont celles qu'on a connues jusqu'à présent. Le jour où les conditions deviendront extrêmes, on aura des difficultés."
Selon le réseau méditerranéen d’experts sur les changements climatiques et environnementaux, la Méditerranée est la région du monde la plus touchée par le réchauffement.
Ses conséquences désastreuses se font d’ores et déjà ressentir.
Retrouvez le reportage de Paul Salort et Céline Marchand :