Masques obligatoires pour tous les adultes et les enfants à partir de 11 ans, soutien scolaire renforcé ou encore revalorisation des salaires des enseignants : le ministre de l'Education nationale tenait ce mercredi 25 août une conférence de presse sur la rentrée scolaire 2020.
Le ministre de l’Éducation tenait ce mercredi 26 août une conférence de presse au sujet de la rentrée scolaire 2020. Et celle-ci se tiendra bien le 1er septembre (3 septembre pour l'académie de Corse) pour les élèves de France, a assuré Jean-Michel Blanquer.
« Nous nous sommes mis en situation de le faire », a indiqué le ministre. « L'école de la République ne sera certainement pas une variable d'ajustement, au contraire. C'est pourquoi je n'ai pas souhaité différer la rentrée, c'est pourquoi j'ai insisté pour que le déconfinement scolaire ait lieu. »
Pour Jean-Michel Blanquer, la reprise profitera « des bénéfices de l’expérience de mai, juin. Les acteurs se sont habitués, notamment nos enfants, dans les réflexes gestes barrières. »
Port du masque obligatoire
Le port du masque sera obligatoire pour les collégiens et lycéens, précisément l’essentiel des enfants de plus de 11 ans, a confirmé Jean-Michel Blanquer. Une décision qui coïncide avec les préconisations de l’OMS, a-t-il rappelé : « Ce que chacun doit comprendre de manière simple et claire, c'est que tous les adultes portent le masque et que les enfants et adolescents le portent à partir de la classe de 6e. »Si des exceptions ont un temps été envisagées, notamment pour les professeurs de maternelle, tout adulte travaillant à l’école devra donc bien s’astreindre au port du masque. Une manière de s’assurer que la règle « soit totalement claire, simple et qu’il n’y ait pas de casuistique ».
Rentrée des classes : "Tous les adultes porteront un masque", précise Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale. "Les enfants et adolescents le portent aussi à partir de la classe de 6e". pic.twitter.com/0IlsrR0pc7
— franceinfo (@franceinfo) August 26, 2020
Une mesure difficile à mettre en place, notamment dans l'enseignement des plus petits, estime le syndicat Snuipp-FNSU de Haute-Corse. « Comment voulez-vous apprendre à une classe de CP des sons s'ils ne voient pas votre bouche ?»
« Auparavant, il avait été évoqué de permettre d'enlever le masque dans des situations où il y aurait deux mètres de distances, mais maintenant que c'est plus autorisé, cela nous parait très compliqué.»
Autre point soulevé par la CGT Educ'Action de Corse : le coût des masques pour les familles. « Pour une famille de 4 personnes, on parle quand même de 100 euros par mois. Pour un étudiant, c'est 30 euros mensuellement. C'est un budget conséquent »souffle Charles Casabianca, représentant du syndicat.
Pour la CGT Educ'Action de Corse, la fourniture des masques gratuite devrait être assurée, pour les écoliers comme pour les étudiants. Une piste rejetée par l'exécutif, hier, mardi 25 août, au cours d'un conseil de défense sanitaire.
Mise en place d’un plan spécifique dans les territoires concernés par une circulation active du virus
Dans le cas spécifique des territoires pour lesquels une reprise très active des contaminations à la Covid-19 serait observée, « nous déclencherons d’autres mesures », a assuré le ministre. Des mesures « préparées », mais qui ne sont « pas publiées pour l’instant » : « pour la rentrée de septembre, ce n’est pas nécessaire. »Plus encore, deux territoires « d’expérimentation 100% numérique » ont été lancés par le gouvernement : l’Aisne et le Val d’Oise, c’est-à-dire les académies d’Amiens et de Versailles. L’ensemble des élèves et professeurs seront donc équipés « pour voir ce qu’il en ressort quand on a des logiques 100% numériques. »
Un retour à l'école à distance si les conditions sanitaires l'indiquent, ni le CGT Educ'Action de Corse, ni le Snuipp-FNSU de Haute ne sont contre. Mais à condition que le matériel éducatif soit fourni aux élèves comme aux professeurs.
Cette charge ne doit pas être laissée uniquement aux collectivités, faute de quoi l'école ne serait plus nationale mais locale et l'éducation des enfants ne serait plus la même en fonction de la richesse de l'établissement. L'enseignement doit être égalitaire partout.
Pendant le confinement, nombre d'enseignants ont ainsi dû avoir recours à leur propre matériel pour assurer l'éducation de leurs élèves.
En étant parfois même contraints de compléter de leur poche : « j'imprimais des cours pour les parents d'élèves qui ne le pouvaient pas, raconte une enseignante membre de la Snuipp-FNSU de Haute-Corse. En tout, j'ai bien utilisé cinq cartouches, à 50 euros chacune.»
C'est aussi, argue Charles Casabiance de la CGT Educ'action de Corse, une mesure essentielle afin de ne pas creuser des inégalités entre tous les élèves.
« Cette charge ne doit pas non plus être laissée uniquement aux collectivités, faute de quoi l'école ne serait plus nationale mais locale et l'éducation des enfants ne serait plus la même en fonction de la richesse de l'établissement. L'enseignement doit être égalitaire partout.»
Soutien scolaire et aide aux devoirs renforcés
Le ministre de l’Éducation a rappelé l’existence d’un dispositif créé en 2017 d’aide aux devoirs.Celui-ci sera renforcé : il permettra ainsi, dès le mois de septembre « à ce que des collégiens puissent, dès lors que leurs familles le demandent, bénéficier d'une aide aux devoirs, un soutien scolaire gratuit réalisé par les professeurs et par les assistants d'éducation dans chaque collège de France. C'est en moyenne trois heures par semaine qui sont ainsi assurées.»
Indemnité pour les directeurs d’école et revalorisation des salaires des professeurs
Jean-Michel Blanquer a promis une « revalorisation de la profession de professeur » : 430 millions d’euros devraient être consacrés par le gouvernement à cette tâche, favorisant ainsi « une amélioration de la rémunération et du bien-être au travail ». Problème : selon la Snuipp-FNSU et la CGT Educ'action, cette revalorisation ne concernera que les professeurs en début de carrière.#Rentree2020 | Au plus près des personnels pour renforcer l’attractivité du métier et améliorer les conditions de travail des personnels pic.twitter.com/qTV8htw0KY
— Ministère Éducation nationale, Jeunesse et Sports (@education_gouv) August 26, 2020
« Cette revalorisation, elle doit concerner tout le monde, et pas seulement les entrants. Les salaires en France sont en deça de nombreux autres pays européens : moins qu'en Allemagne et au Portugal, par exemple » estime Charles Casabianca, pour qui cette augmentation des salaires « n'est qu'un leurre.»
Le ministre a également annoncé le versement d'une indemnité exceptionnelle de 450 euros aux directeurs d’école d’ici la fin de l’année. « On ne sait pas encore si c'est en brut ou en net, souffle-t-on du côté de la Snuipp-FNSU. Mais ça reste peu. Il y a des annonces, maintenant il faudra voir comment c'est fait.»
Réformes prévues et en cours
Jean-Michel Blanquer a précisé plusieurs réformes lancées par son ministère : en premier lieu, « la poursuite de la politique de dédoublement en CP et en CE1 ». Une réforme qui concerne 300.000 élèves. « Nous nous sommes fixés l'objectif de dédoubler aussi en zone "rep" et en "rep +" en grandes sections de maternelle, où 20 000 élèves en sont bénéficiaires »Également, les formations initiales et continues des enseignants en français comme en mathématiques seront renforcées. Objectif : faire en sorte que l’ensemble des professeurs « puissent bénéficier des savoir les plus avancés tout au long de leur carrière » dans ces matières.
La question des cantines
Point très attendu par les deux syndicat Snuipp-FNSU et CGT Educ'action, la question des cantines, et de comment se dérouleraient les services pour les enfants, n'a pas été abordée par le ministre.« Dans certains établissements, où la majorité des élèves sont externes, c'est moins problématique. Mais pour ceux où ils sont tous ou presque demi-pensionnaires, je ne vois pas comment on va mettre en place les dispositifs de distanciation physique », s'interroge Charles Casabianca.
On nous demande d'éviter le brassage au maximum, mais au moment des services, comment voulez-vous faire ?
« On nous demande d'éviter le brassage au maximum, mais au moment des services, comment voulez-vous faire ?" demande-t-on du côté de la Snuipp-FNSU. « Si on allonge le temps de service de 11h à 14h30, cela devient compliqué pour enseigner correctement.»
Quant à l'option de distribuer aux écoliers des paniers-repas, évitant ainsi un service à table, Charles Casabianca n'est pas convaincu : « il faut donner des repas adaptés aux enfants, pour leur santé. Ce n'est pas comme ça qu'on va régler le problème.»