Ils ont bercé notre enfance. Les contes traditionnels ont-ils une influence négative sur la construction de l’identité des filles mais aussi des garçons ? Doit-on les interdire, les revisiter ou en inventer d’autres ?
Cendrillon, Blanche-Neige, La Petite sirène, des contes qui font la part belle au fantasme… Les princesses rêvent du prince charmant ou du héros romantique comme accomplissement de leur vie. Les femmes dans ces histoires n’ont pas d’ambitions variées et la solidarité entre elles est rare ; rappelez-vous la concurrence acharnée entre les belles-sœurs et Cendrillon.
Elles sont prêtes à tout pour plaire à leur amoureux quitte à se transformer en humaine, comme c’est le cas de La Petite Sirène pour un homme qu’elle aperçoit deux secondes lors d’une tempête ! "Sacrée opération esthétique", s'exclame Typhaine D, humoriste féminine, autrice du spectacle Contes à rebours.
Je pense que les imaginaires égalitaires peuvent faire naître les réalités de l'égalité.
Typhaine D, humoriste et metteuse en scène
Typhaine D, metteuse en scène, lauréate du concours d’éloquence de la Fondation des femmes en 2018, a joué un de ses spectacles, La Pérille mortelle, à l’Université de Lille. Elle a aussi créé un spectacle intitulé Contes à rebours pour remettre en question les histoires de ces contes traditionnels.
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Elle questionne avec justesse le choix des scenarii des contes de notre enfance : "On rêve avec ce que l'on nous donne comme imaginaire. Cet imaginaire devient désirable. Par conséquent, nos actions vont nous emmener vers cela et donc aussi nos choix de vie. Et c’est pour cela que je pense que les imaginaires égalitaires peuvent faire naître les réalités de l'égalité."
Elle poursuit : "Je reprends cet imaginaire commun pour en faire des outils d'émancipation. Quand on nous a raconté toute notre vie qu'il fallait que l'on se méfie des autres femmes parce qu'elles allaient vouloir être la plus belle et qu'il n'y a qu'une seule élue, cela ne facilite pas la sororité."
Maribambelle, conteuse des temps modernes, originaire de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, monte souvent sur scène au centre social de de Saint-Quentin dans l'Aisne. Son spectacle s’appelle Femmes, F’âmes, flammes. Elle joue devant un jeune public pour tenter de changer leur regard et leur faire comprendre l'importance de respecter les droits des femmes. Dans ses contes, pas de baiser volé mais des envolées sur le sujet ! Tout y passe, mariage forcé d’adolescentes, emprise dans les violences conjugales, combat des Iraniennes pour leur liberté...
Avec mes contes, je veux donner la force aux femmes de partir, la force de quitter un mari violent, un mari qui ne la considère pas !
Maribambelle, conteuse
Ces thèmes se prêtent bien au genre des contes car il y a de l’aventure, de l’émotion, du suspense et cela ne finit pas toujours (spoiler alerte) par un mariage et beaucoup d’enfants. Marimabelle a trouvé son inspiration lorsqu'elle était assistante sociale : "J’ai rencontré beaucoup de femmes à cette époque, sous-payées, maltraitées, mal considérées. Je pense que cela m'a marquée considérablement. Avec mes contes, je veux donner la force aux femmes de partir, la force de quitter un mari violent, un mari qui ne la considère pas !"
Il existe désormais des contes qui déconstruisent les stéréotypes de genre comme ce livre, La pire des princesses. L’héroïne en avait assez de lire des contes qui lui disaient d’attendre le prince charmant, alors elle a décidé d’être la meneuse de l’aventure de sa vie en chevauchant cet immense dragon !
Pour revoir l'émission Hauts Féminin présentée par Marie Sicaud accompagnée de Christelle Juteau.