Après avoir pris des mesures plus restrictives d’eau pour la Haute-Corse, le préfet du Cismonti s’est exprimé mercredi 3 août devant les médias. Pour lui, "il ne s’agit pas de crier au loup mais de regarder l’état des réserves".
"Si nous continuons à ce rythme de consommation d’eau, compte tenu des évolutions météorologiques attendues, il n’y aura plus d’eau dans 25 jours".
Moins de 24 heures après avoir tiré la sonnette d’alarme et mis en place de nouvelles mesures restrictives dans le Cismonti, le préfet de Haute-Corse est revenu, ce mercredi face aux médias, plus en détail sur les raisons de sa décision.
"25 jours, c’est le nombre de jours qui nous restent pour l’instant de ressources en eau, à consommation inchangée", explique-t-il avant de répondre à certaines critiques quant à une situation qui serait "moins alarmante" que celle annoncée par les autorités.
"Il ne s’agit pas de crier au loup mais de regarder l’état des réserves, explique François Ravier. Ce diagnostic a été fait hier lors d’une réunion en présence de l’Office d’équipement hydraulique de Corse, de l‘Odarc, de la chambre d’agriculture, de la Collectivité de Corse et de l’ensemble des filières." Et le préfet du 2B de marteler : "Il ne s’agit donc pas de crier au loup mais de dire la vérité et de lancer un appel fort et solennel à la responsabilité et à la solidarité de tous pour que ce nombre de jours qui nous reste de ressources en eau puisse être allongé le plus possible grâce à des usages conformes au contexte que nous connaissons."
Le point presse de François Ravier, préfet de Haute-Corse :
Équipe journalistes : A. De La Taille - G. Leonetti
Intensification des contrôles
Si de nouvelles mesures ont été prises concernant les agriculteurs (passage d’une interdiction d’arrosage de 24 heures à 36 heures par semaine), celles pour les particuliers ont été renforcées. Les contrôles vont également s’intensifier. "C’est compliqué à mettre en place car, par définition, on ne met pas un gendarme ou un policier derrière chaque personne mais il faut qu’on fasse des contrôles, souligne le préfet. L’explication et la pédagogie sont nécessaires et le contrôle l’est tout autant. Quelles que soient les filières ou les pratiques, on a des personnes qui respectent les règles et d’autres non."
Selon François Ravier, les contrôles effectués révèlent des infractions quant au non-respect de l’arrêté dans "3 cas sur 4". Il insiste sur le fait qu’il ne faut "pas mettre l’accent uniquement sur les agriculteurs". "Tous les autres usages (de l'eau) sont aussi importants", précise-t-il tout en rappelant que "même si les objectifs de réduction d’eau n’ont pas été atteints, ils ont quand même réduit petit peu. Cela veut dire qu’il y a eu un vrai effort."
Réaction de l'Office hydraulique
Ce mercredi soir, Gilles Giovannangeli, président de l’Office d’équipement hydraulique de Corse, a publié un communiqué dans lequel il revient sur les déclarations, la veille, du préfet au sujet des "25 jours".
"Nous ne remettons pas en cause la nécessité des restrictions qui doivent conduire à des économies d’eau dans un contexte climatique très tendu, avec un mois de juillet 2022 qui a été le plus chaud de l’histoire, est-il écrit dans le texte. Néanmoins, lors du CRE (comité de ressources en eau) du 02 août 2022, nous avons fait savoir à Monsieur le Préfet de Haute-Corse notre désaccord sur le message diffusé quant à une absence de ressource disponible dans 25 jours. Pour notre part, nous en appelons à la responsabilité de l’ensemble des particuliers, collectivités, entreprises, agriculteurs à respecter les termes du nouvel arrêté du 2 août 2022. Cet effort collectif couplé à une gestion optimale de nos réseaux nous permettra de conserver des ressources disponibles jusqu’à la fin de la saison."
Quelle situation dans 25 jours ?
Quant à savoir si ces nouvelles mesures seront suffisantes pour éviter une pénurie d’eau d'ici la fin du mois, la réponse dépend de "l’appel lancé à la responsabilité de tous" rétorque le préfet du Cismonti. Et d'ajouter : "S’il fonctionne, dans 25 jours, on espère qu’il se passera le moins de choses possible. C’est-à-dire qu’on aura gagné des jours de consommation en eau. Autrement, un comité de ressources en eau se réunira la semaine prochaine et pourra décider de mesures éventuellement plus sévères et restrictives à partir du moment où l’on rentrerait dans les derniers jours de la ressource en eau pour cette saison."