Les bergers sardes sont confrontés à une baisse des prix et de leurs revenus. Les ventes sur le marché américain qui représentent la moitié des débouchés sont en net recul. À quelques jours d'élections régionales, ces producteurs multiplient les actions spectaculaires.
Bitti, village du centre de la Sardaigne, compte 3 000 habitants dont 400 bergers. Ils produisent tous les jours 40 000 litres de lait.
Depuis le début de la crise, aucun berger ne donne son lait. C’est le cas de Melchiore Manca. « Le prix du lait est trop bas. Et dans cette période de crise, on n’avance plus sur ce sujet. Le litre de lait est payé 65 centimes. Je crois que c’est immoral, on ne peut pas payer 65 centimes pour ce litre de lait. Nous, nous disons que c’est un euro », livre-t-il.
En une saison, le prix payé aux bergers a perdu 20 centimes. C’est pour cela que depuis 10 jours, beaucoup ont jeté leur lait sur les routes.
« On ne se sent pas protégé »
La force du mouvement se trouve aujourd’hui à Oristano. 1 000 bergers originaires de toute la Sardaigne s’y sont rassemblés. C’est historique et leur protestation continuera jusqu’au juste prix disent-ils.
La discussion est vive. Ils ne lâcheront pas, non plus, sur une remise à plat de toute l’administration de la filière. « Le drame, c’est qu’on ne se sent pas protégé, encadré. Que chacun fasse son travail. Moi, je produis, ceux qui doivent contrôler contrôlent. Ils ont fait en sorte que le système se bloque », estime Giuseppina Cualbu, bergère vers Cagliari.
Aucun des autres acteurs n’a voulu répondre. La particularité du pecorino romano est qu’il est vendu par les coopératives et les industriels à 50 % ou 70 % de son marché aux États-Unis et au Canada. Sa production est ancrée en Sardaigne alors que son marché est totalement extérieur.