Des millions de sauterelles ont détruit 2000 hectares de cultures ces derniers jours. Si rien ne semble pouvoir endiguer le phénomène, rien ne laisse non plus penser qu’elles traverseront les Bouches de Bonifacio pour envahir la Corse selon l’office de l’environnement de la Corse.
Cela ressemble à l’une des dix plaies d’Egypte :
Depuis quelques jours, la Sardaigne subit une invasion de sauterelles sans précédent depuis 70 ans.
Selon l’AFP, qui reprend de multiples médias transalpins, les insectes ont dévasté 2000 hectares de terres dans le centre de l’île italienne.
Les dommages se concentrent dans une zone réunissant les communes de Nuoro, Ottana et Orani.
Une calamité de saison...
Et après le passage de ces millions d’orthoptères, il ne reste rien des récoltes.
L’alerte a été lancée lundi 10 juin par la principale organisation agricole italienne.
La Coldiretti (Confédération nationale des agriculteurs en Italie) a publié un communiqué, qui fait état d’exploitations privées de pâturages, de cours de fermes envahies d’insectes, et d’agriculteurs en plein désarroi:
Une solution consisterait à labourer, mais il s’agit d’une option préventive, peu efficace à ce stade de maturité des insectes.
Cette calamité s’ajoute aux catastrophes naturelles dues au climat, dont la sécheresse de 2017 et les pluies de l’an dernier. Et pour l'heure aucun traitement n'est efficace.
Cette période de l’année, de juin à août, est particulièrement favorable à la prolifération des sauterelles.
Leur terrain de prédilection : les terres anciennement cultivées où fleurissent les graminées.
L’abandon de nombreuses exploitations et le réchauffement climatique sont d’ailleurs les premières explications avancées par les différents spécialistes que nous avons consultés pour expliquer ce déluge sur le centre de la Sardaigne.
Una vera e propria invasione di cavallette sta devastando campi e pascoli del Nuorese, in Sardegna. Gli sciami come questi sono mossi dai venti e dal caldo e non è escluso un collegamento con il cambiamento del clima pic.twitter.com/p5drUd3ZTZ
— Tg3 (@Tg3web) 9 juin 2019
Faible risque de propagation en Corse
Le risque de propagation en Corse est faible, selon Cyril Berquier, de l’Observatoire des Insectes de Corse qui dépend de l’office de l’environnement de la Corse (OEC):
Le passage de la Corse à la Sardaigne est négligeable pour les insectes. Les échanges entre les deux îles sont très rares.
Les sauterelles de Sardaigne ne risquent pas de venir en Corse.
Mais on pourrait connaître un phénomène similaire car la variété problématique en Sardaigne est présente ici: c’est la diostaurus maroccanus.
Si la variété est là, elle n’atteint pas la densité provoquant cette pullulation.
Mais l'île n'est pas totalement à l'abri. Cela pourrait arriver si deux conditions étaient réunies:
Un printemps humide, suivi d’un temps chaud et sec.
Il faudrait aussi des graminées, fréquentes dans les anciennes cultures céréalières. C’est là que cette variété peut prospérer.
Au cours des vingt dernières années, la FREDON (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) a observé deux fois en Corse des phénomènes très localisés de sur-représentations de populations de celui qu’on appelle aussi le criquet marocain.
En 2003 à Porto Vecchio et en 2018 à Bonifacio.
Le 20 juin 2018, Corse matin avait publié sur sa page facebook une vidéo spectaculaire d’une invasion de sauterelles à Bonifacio.
Selon Michael Lecat, directeur de la Fredon:
Pour l’instant, la chambre régionale d’agriculture de Corse, que nous avons contactée, n’a pas eu vent d’inquiétudes sur ce thème émanant des agriculteurs corses.Ces sauterelles, fréquentes en Méditerranée, se déplacent peu si elles ont à manger sur place. En général, elles restent sur leur lieu de ponte.
Mais en 2003 comme en 2018, en Corse, ces Dociostaurus maroccanus n’ont pas provoqué de gros dégâts.
Nous avons simplement constaté l’existence de populations plus importantes que d’habitude.
Il faut dire, souligne son président Pierre Acquaviva, que:
Les problèmes sanitaires sont nombreux en ce moment. Actuellement, ce qui mobilise actuellement notre énergie et notre attention, c’est notamment la peste porcine africaine.