Peste porcine africaine : zone blanche et zones d'ombres

La traque du sanglier bat son plein à la frontière belge. A ce jour, aucun cas de peste porcine africaine n'a été détecté en France. Mais la gestion de la crise pose plusieurs questions et l'administration communique peu, au risque d'alimenter les soupçons. Le point sur ce que l'on sait.

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Le 13 septembre 2018, le virus de la peste porcine africaine (PPA) est détecté sur deux cadavres de sangliers trouvés à Etalle, en Wallonie... D'autres sont dépistés dans les jours suivants. Pour éviter la propagation, les autorités belges clôturent la zone infectée (en rose sur la carte) et y instaurent des mesures drastiques: traque du sanglier par tous les moyens et analyse systématique des carcasses. Au 14 février, sur 1473 animaux prélevés depuis l'alerte, 494 ont été détectés positifs à la PPA dans la zone infectée.

Le 9 janvier 2019, deux sangliers abattus hors zone infectée, à Sommethonne, à cinq cent mètres de la France, sont dépistés positifs. Ils ont franchi la première clôture. Les Belges dressent aussitôt un nouveau grillage sur la frontière et alertent leurs homologues français : la peste est à nos portes. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, décide de créer une "zone blanche" clôturée côté français (voir carte) et d'y éliminer tous les sangliers pour faire un vide sanitaire.

A ce jour, les résultats sont mitigés : mi-janvier, le ministre annonçait "500 sangliers" à abattre en zone blanche (une quinzaine de communes). Au 13 février, on en était à 227 (battues, tirs de nuit, pièges). Et de l'avis des chasseurs locaux, il ne doit pas en rester beaucoup.
Sur l'ensemble du zonage (114 communes sur trois départements), le bilan de la période est de 465 sangliers tués.
Mais la chasse est ouverte depuis septembre, à peu près comme l'alerte PPA. Sur l'ensemble de la saison, l'administration décompte (au 13 février) 1699 sangliers abattus dans cette zone frontalière.

Le virus du soupçon

Que deviennent-ils ? Jusqu'à la mi-janvier, et même au-delà, les bestiaux finissaient à la régulière : dans les congélateurs des chasseurs et sur les étals des bouchers. Fin janvier, des points de collecte ont été mis en place et les carcasses partent à l'équarissage.

Mais, et c'est le point qui fait jaser dans les villages frontaliers, très peu de sangliers abattus passent par la case "labo". A Strasbourg - l'un des deux laboratoires homologués pour le dépistage de la PPA - on décomptait, le 11 février, 110 échantillons (prélèvements de la rate) analysés depuis le début de la crise. Le réseau SAGIR de l'Office National de la Chasse fait état de 160 analyses réalisées en France cette saison... Dont seulement 43 échantillons issus de la zone surveillée !

Il n'en faut pas plus pour alimenter le soupçon. "Quand on ne veut pas trouver, il suffit de ne pas chercher" résume un chasseur meusien. Car l'enjeu est colossal. Un seul cas de PPA en France et c'est l'ensemble de la filière porcine du pays qui serait, a minima, blacklistée à l'exportation... même si aucun élevage n'est touché. La réputation du cochon français passerait-elle avant la qualité du suivi épidémiologique ?

Au ministère, on s'en défend. La doctrine est de concentrer les recherches sur les sangliers trouvés morts. Les animaux abattus en chasse sont présumés être en bonne santé. C'est pourtant deux fringants sangliers, tués par des chasseurs à Sommethonne, qui ont déclenché le branle-bas en France... Il semble d'ailleurs que cette doctrine soit en train d'évoluer, sous la pression des autorités sanitaires européennes qui réclament un meilleur suivi de l'épidémie.

Ratissage

Plutôt rassurant : les chasseurs ont multiplié les patrouilles - plus de 300 à ce jour - pour trouver des sangliers morts. Et l'administration (ONF, ONCFS, aidés par des militaires) va procéder ces jours-ci à un ratissage méticuleux dans la zone blanche. Les quelques cadavres de sangliers collectés jusqu'à présent résultent de blessures de chasse ou, plus prosaïquement, de "chocs routiers". Aucun n'était infecté.

En Belgique, pendant ce temps, on commence à faire les comptes. Dans la petite région de Gaume (la Lorraine belge), l'épidémie est une catastrophe qui touche tous les secteurs. Sur place, 4000 porcs ont été abattus à l'automne. Les exploitants forestiers voient leur bois pourrir sur place : un malheur n'arrivant jamais seul, les arbres sont attaqués par le scolyte... et l'accès à la forêt leur est interdit. Le tourisme vert est également compromis pour la saison qui vient. 
 
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