Dimanche 5 février, une passagère handicapée s’est vue contrainte de retirer ses deux prothèses de jambes par le service de sécurité de l’aéroport d’Orly. Elle dénonce une situation "humiliante" et des "agressions verbales" de la part des agents. De son côté, le groupe ADP a présenté ses excuses, assurant que des sanctions allaient être prises.
"Ils ont voulu m’humilier." Toussainte Dominici se souviendra longtemps de son passage à l’aéroport d’Orly, dimanche 5 février. Ce jour-là, elle s’apprête à prendre le dernier avion de la journée pour rentrer à Bastia. Amputée et porteuse de prothèses aux deux jambes, c’est avec le service d’assistance pour les personnes à mobilité réduite (PMR), qu’elle arrive au niveau des contrôles de sécurité.
"L’agent m’a demandé de passer le portique et ça a sonné, puisque mes prothèses sont en fer. Il m’a donc fait passer de nouveau, mais bien sûr cela sonnait encore." Selon ses dires, la scène se serait répétée à plusieurs reprises, contribuant à tendre la situation.
"Ne prenez plus d’avion mais le TGV"
"On peut passer 10 000 fois, cela sonnera toujours", finit par lâcher la passagère excédée. La remarque n’aurait pas été du goût de l’agent : "Il m’a dit de la fermer, puis il a appelé une de ses collègues qui m’a également agressée verbalement", affirme Toussainte Dominici.
"Ils ont été jusqu’à me dire : ne prenez plus d’avion mais le TGV", s’indigne la passagère. Cette dernière est alors contrainte de "déclipser ses prothèses devant tout le monde". En réalisant cette manipulation, "une des prothèses a frôlé le deuxième agent, qui l’a pris comme une agression".
Epreuve morale et physique
Par la suite, "les prothèses ont été mises sur le tapis, toujours devant tout le monde, pendant qu’un autre agent passait le détecteur de métaux sur le reste de mon corps", raconte Toussainte Dominici. "Que pensaient-ils qu’il y avait, une kalachnikov ?", ironise-t-elle.
Profondément marquée par l’incident, la passagère ne décolère pas. "Je me suis sentie nue, humiliée, j’ai pleuré ensuite dans l’avion", confie-t-elle. Une épreuve morale, mais aussi physique. "Cela m’a déclenché une crise cardiaque", affirme-t-elle. Depuis, elle est en réanimation à l’hôpital, et devrait subir prochainement une intervention chirurgicale.
Excuses
De son côté, le groupe Aéroports de Paris (ADP), dont fait partie l’aéroport d’Orly, assure qu’il "va contacter directement et rapidement cette passagère pour lui présenter ses plus sincères excuses".
Rappelant que la réglementation et les procédures "n'imposent pas les passages successifs sous le portique auxquels a dû se soumettre la passagère, et encore moins le fait d'ôter ses prothèses et leur passage aux rayons X", le groupe dit "comprendre combien l'expérience a pu être dégradante".
"Une plainte va être déposée"
Au-delà, ADP reconnait la responsabilité d’au moins un agent de sûreté, soulignant une "attitude inappropriée et agressive […] qui est inacceptable". Le groupe annonce "qu’une procédure disciplinaire va être menée et [qu’] il sera sanctionné".
Mais pour Toussainte Dominici, ce n’est pas suffisant. "La réponse me touche mais je ne m’arrêterai pas là", indique-t-elle. La passagère l’assure, "une plainte va être déposée".
"Ce sera encore un combat", conclut-elle.