Tentative d'assassinat d'Yvan Colonna : création d'un collectif en vue "de futures actions militantes"

À l'issue d'une assemblée générale qui s'est déroulée mercredi à Corte dans une ambiance tendue, syndicats étudiants et partis nationalistes ont décidé de la création d'un collectif en vue de "futures actions militantes de terrain". Une manifestation aura lieu ce dimanche à Bastia.

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Il est 22 heures 30, mercredi soir, lorsque Ghjuvanna Benedetti, étudiante à l'Université de Corse, se présente face aux médias pour annoncer la création d'un collectif. "Suite à la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna et les mobilisations initiées par la jeunesse corse, il entreprendra dès demain (lire jeudi) des actions de terrain pour ne pas laisser la jeunesse corse exposée aux répressions et aux violences policières extrêmes. En soutien à la jeunesse corse, le collectif appelle à une manifestation dimanche 13 mars à 15 h à Bastia, autour des trois thèmes suivants portés en commun par l'ensemble des signataires : ghjustizia è verità per Yvan, libertà per i patriotti et ricunniscenza di u populu corsu."

Signé par tous les syndicats étudiants (GP, GI et CGC), les quatre partis nationalistes (Femu, PNC, Core in Fronte et Corsica Libera), l'ensemble des associations de prisonniers, l'università di Corsica, le STC, l'APC, A Muvra ou encore Aiutu paisanu, le texte officialisant la création de ce collectif  a été rédigé après plus de huit heures de discussion.

Divergences

Dès 14h30, plus de 300 personnes issues de quasiment tous les courants du nationalisme corse s'étaient rassemblées dans l'amphithéâtre Landry de la faculté de droit. Les médias n'ont pu assister aux discussions mais celles-ci ont été parfois tendues.

Le ton est monté à plusieurs reprises autour de la stratégie concernant les actions à mener. Les étudiants souhaitaient notamment le blocage de toutes les institutions de l'île. La majorité territoriale et l'Exécutif se sont notamment opposés à celui de la Collectivité de Corse. Ce qui a provoqué la désapprobation forte d'une partie de l'assistance après une prise de parole du député de la deuxième circonscription de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, également conseiller territorial "Fà populu inseme". Président du même groupe à l'Assemblée de Corse, Jean Biancucci a lui aussi été pris à partie verbalement.

La  notion "statu francese assassinu" - au centre de plusieurs discussions, notamment avant la manifestation de dimanche dernier à Corte où le slogan figurait en tête de cortège -, ne figure pas dans le communiqué de création du collectif. Selon nos informations, cette demande émanerait de Femu a Corsica, davantage favorable aux termes "Ghjustizia per Yvan" qui, eux, sont mentionnés dans le texte qui se conclut ainsi :

"Face au blocage, au déni de démocratie qui caractérise l'attitude de l'État en Corse, nous appelons à l'ouverture sans délai d'un processus public de négociations visant à une politique globale de la question corse.

Cette dernière phrase soulève certaines questions clivantes, quant à savoir qui doit mener ces négociations et conduire ce "processus public". Mardi, le conseil d'administration de l'Université de Corse avait pris une position très forte en demandant "la libération de tous les prisonniers politiques".

En allant plus loin que ce propose l'Assemblée de Corse sur le sujet des prisonniers, l'Université ne contesterait-elle pas la légitimité des élus ? Une situation qui peut aussi faire écho aux critiques entendues dans une partie de l'amphi Landry à l'égard de la majorité territoriale.

La lettre de Christine Colonna

L'autre point de divergence concerne la lettre écrite par la soeur d'Yvan Colonna, Christine. Dans ce texte de deux pages, lu en début d'assemblée générale par un syndicaliste étudiant, la porte-parole de la famille Colonna indique que ses "pensées vont vers les jeunes blessé(e)s et leurs familles". Christine Colonna demande également de "ne pas prendre d'initiatives précipitées, contradictoires et désordonnées" et annonce ne pas être "favorable au projet de manifestation dimanche 13 mars à Bastia." 

Finalement, un consensus ne sera pas trouvé autour de cette manifestation qui aura bien lieu, son organisation ayant été validée pendant l'assemblée générale qui s'est déroulée en deux temps : à 17h30, après de vifs échanges, parfois houleux, elle s'est terminée pour donner lieu à une seconde réunion. Organisée en plus petit comité, celle-ci s'est tenue dans une autre salle en présence des représentants de chaque composante.

Là encore, les discussions ont duré plusieurs heures. Malgré la discorde qui a plané jusque tard dans la soirée, l'unité d'action semble avoir été préservée avec la création de ce collectif. Du moins en apparence.

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