Échappée belle pour trois détenus en réinsertion de la maison d’arrêt de Borgo. Avec Dominique Bozzi, ancien cycliste professionnel, ces prisonniers en fin de peine se sont lancé le défi de traverser l’île à vélo. Ils ont atteint Ajaccio mercredi soir.
« C’est une grande fierté d’être avec vous. […] On se verra à la sortie, mais j’étais vraiment très fier de travailler avec vous. Vous allez me manquer. Merci à vous les détenus. » La voix tremblotante, Dominique Bozzi, ancien cycliste professionnel, est très ému. Le défi du petit groupe de détenus en fin de peine et de surveillant de la maison d'arrêt de Borgo va prendre se terminer, à la fin de la journée ils auront traversé la Corse en vélo.
Chaque semaine, pendant quatre mois, ils ont parcouru 300 kilomètres. Un moyen pour ces détenus, tous néophytes, de s’évader du quotidien de la prison. « Psychologiquement, on se remet un peu en phase avec la société. On créée des liens avec le surveillant. Des liens qu’il n’y a pas à l’intérieur de la prison. Le relationnel change et mentalement, c’est que bénéfique », livre Pierre, détenu à la maison d'arrêt de Borgo.
À leurs côtés, trois surveillants pénitentiaires volontaires les accompagnent. Ils portent la même tenue et partage la même souffrance. Dans la sueur et pendant l'effort, les liens entre prisonniers et surveillants évoluent. Alors que David, un employé de prison, a chuté, il est encouragé par les détenus. « Lâche rien ! On n’est pas arrivé encore », lui lance l’un d’entre eux.
Entraide, respect et investissement personnel
« Quand on retourne en prison, on redevient le surveillant et le détenu. Mais à l’extérieur, on mange ensemble, on participe aux épreuves ensemble, on s’entraide. Il n’y a pas d’animosité, au contraire », explique David. Loin des murs de la prison, confiance et respect mutuel s'installent.
C’est une première échappée en vue d'une bonne réinsertion. « Lorsque la personne va sortir, elle aura développé ces valeurs : l’entraide, le respect mutuel, l’investissement personnel. Et l’investissement personnel est l’une des premières qualités que doit développer une personne détenue lorsqu’elle sera libérée », indique Fabrice Bells, directeur de la maison d'arrêt de Borgo.
Après des moments de doute et sept heures d'effort détenus et surveillants peuvent enfin savourer, ils sont parvenus à rallier Ajaccio. Le soir, les prisonniers sont retournés dormir en prison, mais ils auront effectué une étape de plus vers la réinsertion.