Vente de munitions de chasse dans les bureaux de tabac : en Corse, « certains font 40 km pour trouver une armurerie »

Les buralistes pourraient vendre des munitions de chasse dès le 1er janvier prochain. Une idée née en Corse et qui permettra à la profession de se diversifier un peu plus dans un contexte de baisse de son chiffre d’affaires liée à la hausse du prix du tabac.

Joseph Simoni, buraliste à Figari, est catégorique. « Pour les débitants de tabac, s’il n’y a pas de diversification, on meurt, c’est une question de survie. »

Ainsi, il voit d’un très bon œil la possibilité pour les 23.300 buralistes de France de pouvoir vendre des munitions de chasse grâce à l’allègement des certifications nécessaires à l’exercice d’activités périphériques au métier d’armurier. Pour l'heure, aucune date n'est fixée, pour certains, la mesure pourrait s'appliquer dès le 1er janvier prochain, pour d'autres, durant le premier trimestre 2024.

Déployé à l’échelle nationale, le projet est né lors d’une assemblée générale de la confédération des buralistes de Corse. « Avec José Oliva, le président régional de la confédération qui se bat incroyablement pour l’île, nous avons supputé l’idée. Nous l’avons proposée au président national de la confédération, Philippe Coy, qui l’a trouvée intéressante et elle a été présentée lors de notre assemblée générale nationale en novembre, à Paris », explique Joseph Simoni.

Suite à la hausse du prix du tabac et à une perte de leur chiffre d’affaires, les buralistes sont engagés dans une démarche de diversification de leur activité, encouragée par le gouvernement : relais-colis, paiement des impôts, vente de journaux… etc. « Nous sommes dans l’obligation de nous réinventer, ça n’a rien à voir avec notre survie, estime Jean-Marc Pinelli, buraliste à Travu depuis 32 ans. Mais c’est une bonne idée, c’est une activité de plus pour notre diversification. »

« C’est du dépannage »

Pour ce débitant de tabac, « l’opération marchera dans le rural ». Car en Corse, certains chasseurs peuvent faire entre « 30 et 40 km avant de trouver une armurerie ». Néanmoins, pour les deux confrères, hors de question de leur faire concurrence. « Il faut en appeler au bon sens, que les buralistes exerçant dans une commune où se trouve une armurerie ne vendent pas de munition de chasse, reprend Jean-Marc Pinelli. Même si je suis certain qu’ils ne le feront pas. Il faut savoir que certaines stations-services le font déjà, c’est du dépannage, ils ne se font pas une marge énorme dessus. »

On ne fera pas de concurrence aux armureries existantes

Joseph Simoni, buraliste à Figari

Malgré tout, la disposition inquiète la plupart des armuriers au niveau national. Si, pour l’heure, la marge réalisée par les buralistes n’a pas été fixée, le président de la chambre syndicale nationale des armuriers, Yves Gollety, a tenté de rassurer ses professionnels. « Les bureaux de tabac seront plus chers que les armuriers. […] S’ils se débrouillent bien et alimentent les bureaux de tabac, c’est un business aussi pour eux », a-t-il déclaré à l’AFP.

Formation de deux jours

Ainsi, dès le 1er janvier, les buralistes obtiendront dans un premier temps une certification « vente exclusive de munitions », puis un agrément pour la vente de munitions auprès du préfet ainsi qu’une autorisation d’ouverture de commerce, délivrée également par le préfet après avis du maire de la commune.

Cette nouvelle certification, en lieu et place en lieu et place du diplôme d'État d'armurier ou du certificat de qualification professionnelle d'armurier, sera délivrée « après réussite à un examen faisant suite à une formation adaptée et ciblée de deux jours », a précisé la Place Beauvau. Elle portera sur « la seule vente de munitions des catégorie C (pour la chasse principalement) et D (munitions variées dont l'acquisition est libre aux majeurs) », a spécifié le ministère.

« Des buralistes continuent de vendre du tabac à des mineurs »

Si la mesure n’est pas encore entrée en vigueur, certaines associations comme le comité national contre le tabagisme (CNCT) sont soucieuses. Ainsi, le CNCT s’interroge sur le caractère « raisonnable » de cette idée. Il affirme que « deux buralistes sur trois continuent de vendre du tabac à des mineurs en toute illégalité. » Une accusation qui fait bondir Joseph Simoni. « Je ne peux pas l’entendre. Soit ce sont des critiques infondées, soit les débitants de tabac concernés sont fous. Nous sommes des prestataires de l’État, nous sommes contrôlés, on risque de perdre notre licence si nous vendons à des mineurs », s’agace-t-il.

Pour la vente de munitions de catégorie C, les buralistes devront impérativement s’assurer que le client est bien titulaire d’un titre d’acquisition valide, comme le permis de chasse ou une licence de tir. 

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