Les chasseurs et les tireurs sportifs doivent déclarer leurs armes sur internet avant le mercredi 1er janvier. En Corrèze, si les concernés se plient à cette nouvelle obligation, certaines réticences existent.
"Là, on a une carabine linéaire, de calibre 30-06, qui a été achetée récemment." Debout dans son salon, arme à la main, Julien Colombeau se montre pédagogue. Il partage avec plaisir tout ce qui a trait à sa passion : la chasse. "Elle est vraiment spécifique à la battue. On reste sur des balles d'une assez grande puissance. C'est uniquement pour le gros gibier : sanglier, cerf, chevreuil." Dans sa famille, ces connaissances se transmettent de père en fils. Récemment, une nouveauté s'est invitée dans leur quotidien : l'obligation d'enregistrer toutes leurs armes dans un formulaire sur internet.
En France, plus de cinq millions d'armes à feu circulent légalement
"On a des numéros de série à entrer, la marque du fusil, mais aussi les longueurs de canon. Tout ce qui représente l'arme", détaille ce Corrézien résidant à Lubersac. Les chasseurs et les tireurs sportifs doivent déclarer leurs armes à feu sur internet avant ce mercredi 1ᵉʳ janvier. Pour effectuer cette déclaration auprès de l'État, ils doivent créer un compte sur le site du Système d'information sur les armes (SIA) en renseignant leur identité et les armes détenues. Les chasseurs sont également contraints de fournir un permis. Quant aux tireurs sportifs, c'est leur licence qui s'avère obligatoire.
L'objectif du gouvernement consiste à recenser tous les détenteurs d'armes à feu pour une meilleure traçabilité. En France, selon le ministère de l'Intérieur, plus de cinq millions d'armes à feu circulent légalement. Deux millions de personnes en possèdent, et plus d'un million d'entre eux pratiquent la chasse, d'après la Fédération nationale des chasseurs.
Les vieux chasseurs qui n'ont pas d'ordinateur, je me demande comment ils vont faire pour arriver à déclarer les armes.
Jean-Louis Colombeau, ancien président de la société de chasse de Lubersac
Le père de Julien, Jean-Louis Colombeau, est l'ancien président de la société de chasse de Lubersac. S'il reconnaît l’intérêt de répertorier les armes détenues par les particuliers, notamment en cas d’accident, il doute que tous les concernés soient en capacité d'effectuer cette démarche. "Je suis d'accord, mais il y a certaines personnes que ça va vraiment embêter, annonce-t-il. Surtout parmi les vieux chasseurs qui n'ont pas d'ordinateur. Je me demande comment ils vont faire pour arriver à déclarer les armes."
Ne pas enregistrer ses armes à feu peut entraîner des sanctions telles que leur saisie par les autorités, l’invalidation du permis de chasse, des amendes, et même des peines de prison.
Reportage de Damien Lefauconnier et Thomas Noa.