Les "puffs", ces cigarettes électroniques jetables prisées des adolescents, ne font plus l'unanimité en France. Plusieurs députés de plusieurs groupes politiques ont indiqué vouloir voter leur interdiction, à laquelle le ministre de la Santé s'est dit favorable. Une proposition de loi examinée ce lundi 4 décembre à l'Assemblée nationale.
Les cigarettes électroniques jetables -dont font partie les Puffs- sont de plus en plus décriées. En novembre dernier, une proposition de loi transpartisane (Écologiste et Renaissance) a été déposée. Elle est examinée ce lundi 4 décembre à l'Assemblée nationale.
Que sont les puffs ?
En anglais, le terme "puff" signifie bouffée. Colorées et faciles à glisser dans une poche ou un sac à main, ces cigarettes électroniques se déclinent en une multitude de parfums : vanille, ananas, bubblegum, cola, fruits rouge, ou encore fraise acidulée.
Disponibles sur le marché français depuis 2020, les puffs se distinguent des vapoteurs et cigarettes électroniques classiques du fait de leur durée de vie éphémère : non-rechargeables, elles doivent être jetées une fois qu'elles ont été entièrement consommées - entre 300 et 2.000 bouffées, 600 bouffées représentant l'équivalent d'un paquet de cigarettes -.
Qui en vend et qui peut les acheter ?
Créés aux Etats-Unis en 2019 - mais fabriquées en Chine -, les puffs sont disponibles sur le marché français depuis 2021. Elles sont vendues chez les buralistes, dans des magasins de cigarettes électroniques, ou encore sur Internet. Elles sont généralement comprises entre 8 et 12 euros, bien que leur prix varie grandement en fonction de la marque du modèle, sa puissance, et le nombre de bouffées permises par le liquide qu'elles contiennent.
Si leur vente est en théorie totalement interdite aux mineurs, les plus jeunes sont en réalité de grands consommateurs de ces cigarettes jetables, séduits, notamment, par le large éventail de saveurs. Une étude réalisée en octobre 2022 par l'Alliance contre le tabac révèle ainsi que 13 % des 13-16 ans ont déjà testé les puffs. 9 % des adolescents interrogés indiquent de plus en avoir déjà acheté. Soit une plus grande proportion que ceux qui ont acheté des cigarettes électroniques (7 %) ou des cigarettes classiques (6 %).
Toujours selon cette étude, l'achat de ces cigarettes jetables serait perçu par ses adolescents comme relativement aisé : 1/4 d'entre eux estime qu'il est facile de s'en procurer.
Sont-elles dangereuses pour la santé ?
Si quelques unes en sont dénués, comme les cigarettes électroniques non-jetables ou les cigarettes classiques, les puffs contiennent généralement de la nicotine. La limite maximale autorisée de concentration est de 1,8 %, soit 20 mg/ml. Certains modèles la dépassent pourtant largement, atteignant jusqu'à 5 % de concentration de nicotine.
Dans ce cadre, ces cigarettes jetables peuvent présenter un danger d'addiction, notamment chez les plus jeunes, pour lesquels la maturité cérébrale n'a pas encore été atteinte. Ces produits peuvent également pousser leurs consommateurs vers des usages d'autres formes de tabac : selon l'étude menée par l'Alliance contre le tabac, parmi les adolescents utilisant la Puff, 28 % d’entre eux ont commencé leur initiation à la nicotine à travers ce produit et 17 % d’entre eux se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac.
Quel impact sur l'environnement ?
Composées principalement de matières plastiques et d'une batterie au lithium, produit nocif pour l'environnement à défaut d'être correctement recyclé, les puffs sont trop souvent jetées dans des poubelles publiques plutôt que dans des bacs spécifiques.
Qui souhaite les interdire ?
Depuis octobre 2022, l'Alliance contre le tabac appelle à l'interdiction de ces dispositifs "aussi néfastes pour la santé des enfants que pour notre environnement".
En novembre dernier, la députée écologiste Francesca Pasquini a déposé une proposition de loi visant à interdire les puffs. Elle rassemble aujourd'hui 63 signatures, issues de 8 groupes différents, hors LR et RN.
Début mai enfin, le ministre de la Santé s'est dit favorable à à une interdiction des puffs, qui "amènent une partie jeune de notre population vers le tabagisme". Le ministre "va travailler avec les parlementaires et les associations mobilisées sur le sujet", a souligné jeudi son cabinet.
"Avec ce soutien, nous avons bon espoir de parvenir à une interdiction d'ici la fin de l'année", s'est félicité Francesca Pasquini, rappelant que plusieurs pays européens comme l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande ont déjà amorcé un tel mouvement. La députée espère désormais une inscription de sa proposition de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée pour qu'elle puisse être débattue en séance en octobre ou novembre.