Le vice-président de l’association Anticor, était l’invité du Corsica Sera samedi 16 février. Il est revenu sur le dossier des fraudes aux primes agricoles et sur la création d’une plateforme entre des associations insulaires afin d’œuvrer collectivement sur certaines problématiques.
Éric Alt, le vice-président de l’association Anticor, s’est rendu samedi 16 février à Corte à la rencontre de plusieurs associations insulaires comme U Levante, Ava Basta. L’objectif : mettre en place une plateforme citoyenne afin d’œuvrer collectivement sur des problématiques transversales et relever les éventuels dysfonctionnements.
Le dossier des primes agricoles a été évoqué ce soir, Anticor avait saisi l’instance européenne en 2015 sur des dysfonctionnements. L’association avait déposé plainte auprès du parquet national financier l’an passé. Vous évoquiez 36 millions d’euros de fraudes sur quatre ans, on est autour de 536 000 euros. Que s’est-il passé ?
L’enquête doit déterminer le montant réel des fraudes. Ce qui nous intéresse, c’est la question de principe. Imaginez un match de football, les joueurs jouent avec les mains et l’arbitre regarde ailleurs. L’arbitre, c’est l’État ou parfois des acteurs locaux. C’est ce qui s’est passé.
Si nous avons saisi le parquet national financier, c’est parce que nous pensions qu’il était plus facile pour le parquet national financier de remonter les responsabilités. Six agriculteurs, ce n’est pas ça l’enjeu. L’enjeu, c'est les personnes qui à la préfecture, dans les services de la collectivité territoriale n’ont pas fait leur travail.
La préfète a parlé d’Anticor lors de sa conférence de presse en disant qui vous n’étiez pas à l’origine et qu’il existait un parquet à Ajaccio pour faire ce travail-là. Vous doutez de l’impartialité du parquet d’Ajaccio ?
Des citoyens ont fait un grand travail sur le sujet, je pense qu’ils méritent mieux que l’arrogance désinvolte de la préfète. Le procureur s’affiche aux côtés de la préfète dans ces circonstances, son apparence d’impartialité pour conduire une enquête et pour remonter les responsabilités est un peu gaspillée. Je pense qu’il faudrait que cette affaire aille ailleurs ou au minimum qu’un juge d’instruction soit saisi.
D’autres affaires emblématiques dans lesquelles vous êtes intervenus : vous avez distingué deux maires cette année avec des prix liés à la probité, les gîtes ruraux où Paul Giacobbi a été condamné et a ensuite mis fin à son parcours politique. Quand on choisit d’être dans une affaire plutôt qu’une autre, on vous accuse parfois d’opportunisme, avec les conséquences politiques que cela a ?
Nous sommes une petite association, nous refusons les subventions pour être indépendants. Nous pouvons donc soutenir qu’un petit nombre d’affaires. Dans l’affaire Giacobbi, ce qui nous semblait important, c’est que la société civile ait une parole devant la justice, que les citoyens se rapproprient cet enjeu du dossier.
Aujourd’hui à Corte s’est tenue une réunion avec d’autres associations qui sont sur le devant de la scène, notamment de l’environnement. Une plateforme commune pourrait voir le jour. Qu’est-ce que ça veut dire ?
J’ai vu beaucoup de compétences et beaucoup de détermination, mais des personnalités un peu isolées, et parfois sous pression. On est toujours plus intelligent et plus fort quand on travaille ensemble. C’est un peu l’objectif de cette plateforme. La différence entre le possible et l’impossible, c’est la détermination. J’ai vu des gens très déterminés à ce que des mauvaises pratiques changent.