Vincent Monnerie est originaire de Tours. Il sillonne la Corse à pied, en poussant une brouette, pour sensibiliser à la maladie de Charcot, neurodégénérative et incurable. Parti de l’Ile-Rousse, fin juillet, le marcheur a fait une halte à Ajaccio le 1er septembre. Rencontre.
Vincent Monnerie sort d’un hôtel ajaccien. Ses affaires sont rassemblées dans une brouette. Avant de le laisser partir, le directeur de l’établissement demande à être pris en photo à ses côtés.
La scène intrigue. Les clients du bar adjacent s’interrogent. Vincent s’approche et leur explique sa démarche : sillonner la Corse, à pied, en poussant une brouette pour sensibiliser à la maladie de Charcot, neurodégénérative et incurable. « Mon père est décédé de cette maladie au mois de mai 2018. J’ai trouvé ça injuste, qu’il y ait encore des maladies qui ne sont pas soignées et délaissées par la recherche. Avec ma sœur, on a vu notre père mourir d’asphyxie sous nos yeux. En menant ce combat, je pense aux générations à venir. Je souhaite que les gens prennent conscience qu’il faut agir pour arrêter ce fléau », livre le jeune homme originaire de Tours.
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Anna, la serveuse, est émue. « C’est énorme ce qu’il a fait pour la bonne cause. Ça me touche énormément, il pense aux autres, ce qu’il fait n’est pas facile… Il n’y a pas de mots, juste bravo », souffle-t-elle la voix tremblante. « Je suis infirmière et j’ai déjà pris en charge des patients atteints de cette maladie. Son projet me touche beaucoup et je le félicite de se battre au quotidien pour ces personnes », sourit une jeune femme.
Bracelets
Vincent Monnerie se penche, saisit les manches de sa brouette et reprend la route. Direction Sagone. Son avancée est lente. Il est régulièrement arrêté par des automobilistes qui le reconnaissent. Parfois, ils lui tendent une bouteille d’eau ou un sandwich. « En Corse, il y a beaucoup de solidarité. J’ai toujours eu le droit à un toit, un lit et une vraie douche. Pour moi, c’est primordial, ça me permet de bien récupérer, car c’est un défi sportif relevé », sourit-il.
Le marcheur en profite pour leur raconter son histoire. « La brouette a créé du lien social. Les gens viennent me parler et c’est ce que je recherche, car je fais ma communication de vive voix. Je parle directement aux personnes, car ils démultiplient le message en reparlant autour d’eux », explique-t-il. Ces haltes permettent aussi à Vincent Monnerie de récolter des fonds pour la recherche grâce à la vente d’un bracelet à un euro. Dons qui peuvent aussi être faits en ligne sur le site de son association, Momone extrême. En Corse, il est parvenu à récolter 10.000 euros.
« La grosseur des biceps, ça ne veut rien dire »
Depuis son départ de l’Ile-Rousse, le 25 juillet dernier, Vincent Monnerie a parcouru des centaines de kilomètres, franchi des cols. Inlassablement. En poussant sa brouette. S’il avoue facilement qu’il pratique le sport tout au long de l’année, il sait qu’un petit plus lui permettra de boucler son aventure le 6 septembre prochain : son mental.
« Il n’y a rien de naturel à pousser une brouette en plein cagnard », lâche-t-il. Ce qui le fait tenir, n’est pas la grosseur de ses biceps, « ça ne veut rien dire », mais son histoire familiale. « Ce qui me fait avancer, c’est la force de mon père qui est là-haut, et qui pousse cette brouette. »
Vincent Monnerie se baisse, saisit les manches de sa brouette et reprend sa marche.