C'est Dominique Bucchini qui est le premier à rencontrer les groupes de l'assemblée en vue de la tenue de la session spéciale prévue pour l'été 2020. Durant plusieurs mois les auditions vont se succéder, afin de dégager un diagnostic.
Hommes politiques, acteurs sociaux et experts vont défiler devant les élus de l'assemblée de Corse durant les trois prochains mois.
Ainsi que les collectifs anti-mafia créés au début de l'automne, Maffia Nò, A Vita Iè !et le collectif Massimu Susini.
Massimu Susini, c'est le nom du jeune homme assassiné le 12 septembre dernier. Une mort violente, une de plus, qui a initié un sursaut citoyen en Corse.
Nul, sur l'île, n'ignorait la gravité de la situation. Mais ils règnait chez une majorité d'insulaires une sorte de renoncement. Comme si la dérive mafieuse était constitutive de la société corse.
Et que l'on ne pouvait plus rien faire pour l'enrayer.
Un sursaut citoyen
L'assassinat de Massimu Susini a réveillé les consciences, et les langues se sont déliées.Manifestations, débats, prises de paroles publiques ont témoigné du ras-le-bol de la population.
Et les politiques n'ont pas été épargnés, accusés d'immobilisme, de résignation, voire de connivence.
Gilles Simeoni, président de l'exécutif, en convenait sur le plateau de Corsica Sera, le 26 septembre dernier :
"Les élus doivent prendre leurs responsabilités. Certains ont des porosités critiquables avec ces milieux, y compris chez les nationalistes."
Les politiques doivent trouver une réponse à cette dérive
Cette prise de responsabilité, elle passe donc par la tenue de cette session spéciale, qui sera consacrée à la violence et aux dérives mafieuses.Et pour établir un diagnostic et un plan d'actions, les élus vont multiplier les rencontres et les auditions.
C'est Dominique Bucchini, ancien conseiller territorial communiste, puis président de l'Assemblée de Corse, député européen, et maire de Sartène de 1977 à 2001, qui ouvre le bal des consultations.
Dominique Bucchini, qui fut le premier président de la commission violence de cette même assemblée. Qui fut également victime de plusieurs attentats dans les années 90, et qui a été protégé, durant plusieurs années, par la police nationale.
Celui qui fut le premier président de la commission violence ne manque pas d'idées :
"J'ai proposé la création d'une commission d'enquête parlementaire pour bien faire comprendre la situation de la Corse. Et elle est grave, parce qu'il y a une précarité grandissante, et dans le même temps grandit aussi le nombre de gens qui paient l'impôt sur la fortune. Dans une région où il y a des gens qui gagnent de mieux en mieux leur vie, et de quelle manière, et où il y a des gens qui pleurent parce qu'ils n'ont plus rien, il faut trouver des moyens, parce quer cette situation est à l'origine d'une certaine criminalité."