La recherche progresse, mais il n'y a, pour l'instant, aucun traitement efficace contre la Xylella de type Pauca, la tueuse d’oliviers. Les oléiculteurs corses restent très inquiets.
Dans une dizaine d'années, produira-t-on encore dans le sud de la Corse de l'huile d'olive traditionnelle ? Difficile à garantir.
Plus que jamais les oléiculteurs craignent l'épidémie de pauca, la souche de Xylella fastidiosa tueuse d'oliviers. Cette souche a été repérée à Menton en septembre.
Or des recherches menées récemment par l'Inra Montpellier l'attestent, les deux variétés d'oliviers du sud de l'île, la zinzala implantée à Bonifacio mais aussi la ghjermana, fréquente en Alta Rocca, ne résistent pas à la Xylella fastidiosa pauca.
« Les filets de protection… C’est impossible »
Pour Jean-Christophe Arrii, protéger les 1.000 oliviers multiséculaires qu'il exploite, lui semble mission impossible. « J’ai des arbres qui vont produire presque 250 kilos d’olives, mais il fait presque 10 mètres de haut. Imaginez la taille du filet… J’ai des parcelles qui font un hectare, donc imaginez couvrir sur 10 mètres de haut… C’est impossible. L’insecticide ce n’est pas possible non plus. L’inquiétude se précise, car la Xylella se développe un peu partout en Europe. Chez nous, on a découvert la pauca en Plaine orientale, on sait que sa touche le chêne. On sait aussi que dans le sud de l’Espagne, les amandiers sont touchés et que les trois souches tueuses sont dans les Baléares », raconte l’oléiculteur.
►Reportage :
Découverte à Propriano, sur un polygale en 2015, la Xylella fastidiosa s'est répandue en Corse. 350 foyers sont répertoriés en 2018.
Les mesures de restriction de transports se sont pourtant assouplies, rien que cette année 10.000 plants d'oliviers d'ornement sont arrivées du continent, autorisés.
Cahier des charges
En quatre ans, quel changement ? Cécile Mathieu va bientôt déménager ses serres de Propriano à Sartène.
Elle sera la deuxième pépiniériste de l'île à accepter le cahier des charges de production locale demandé par les oléiculteurs, avec des filets spécifiques. « Je peux produire toutes les espèces de plantes sous ces filets. Ces filets sont utilisés dans tous les domaines de l’agriculture. Ce n’est pas spécifique à la Xylella, c’est pour éviter tous les insectes. Ça prend pas mal d’espace et il faut avoir le personnel, formé ou en cours de formation sur place, et il faut aussi avoir les infrastructures », décrit Cécile Mathieu.
► Questions/Réponses : Claude Dragard, agence de la sécurité alimentaire :
Ghjermane, Sabine, des plants sains indemnes de toute Xylella sont élevés à San-Giuliano, et ce sera en quantité suffisante l'an prochain pour les oléiculteurs. C'est bien le seul changement notable en quatre ans d'épidémie. Rien n'a été encore trouvé pour stopper les insectes porteurs de la bactérie.