Pas vraiment fringant depuis deux mois, le champion d'Europe Toulon et son pack habituellement redouté ont touché le fond le week-end dernier au Stade Français, affichant d'inquiétants signes de faiblesse qu'ils entendent gommer samedi à Exeter en Coupe d'Europe.
Après une défaite sur la scène européenne à Cardiff (19-15) et des victoires poussives face à Bordeaux-Bègles (37-17) et Perpignan (15-9), Toulon
a sombré à Paris (23-0). Mourad Boudjellal, l'imprévisible président du RCT, n'y est pas allé par quatre chemins: "On a la plus mauvaise mêlée de France", a-t-il jugé.
"On a la plus mauvaise mêlée de France"
"Regardez les treize matches (du Top 14) et dites-moi s'il y en a un lors duquel on a défoncé quelqu'un en mêlée !".
Sans le nommer, c'est l'entraîneur des avants, Jacques Delmas, qui est visé. Ami de Bernard Laporte, ancien entraîneur à Biarritz, Grenoble, Perpignan et au Stade Français, il a remplacé à l'intersaison Olivier Azam, parti à Lyon.
Pour la première fois de la saison, le voilà dans les cordes. Touché au foie mais pas encore sonné.
"C'est le patron et il a le droit de s'exprimer, a estimé Delmas. Ça excite les agacés mais ça me met aussi devant mes responsabilités. Ça prouve qu'il s'intéresse à son équipe et à sa progression."
On va progresser, je l'affirme. Maintenant, je ne tremble pas. Si certains bavent sur mon dos, alors qu'ils se régalent!".
Un "boys band" ou une équipe ?
Jacques Delmas ne s'épargne pas le constat qui s'impose. "La mêlée est le reflet de nos performances. Il y a certainement un manque d'investissement de notre part. Quand je dis +nous+, c'est collectif et je m'y englobe. Tout le monde doit se remettre en question car on est devenu une équipe moyenne. Il faut davantage de travail et de fierté", affirme-t-il."Pour jouer au rugby, il faut mettre les mains dans le cambouis et avoir la haine de la défaite. Or, pour l'instant, j'ai plus l'impression de voir un +boys band+ qu'une véritable équipe de rugby", renchérit le président Boudjellal.
Avec les blessures de longue durée du pilier Andrew Sheridan (cervicales) et du troisième ligne Juan Martin Fernandez Lobbe (coude), la méforme du deuxième ligne Bakkies Botha et le départ en retraite anticipé du talonneur Sébastien Bruno, l'entraîneur des avants se retrouve privé de plusieurs des pièces-maîtresses qui ont fait la force du RCT la saison passée.
Manque de caractère
Pour autant, Jacques Delmas avance une prise de conscience pour une sortie d'impasse collective. "On a trouvé des solutions dans certains matches mais c'est vrai qu'on manque un peu de caractère. On n'est pas réactif. Il va falloir qu'on s'agace. Dans l'état actuel des choses, on accepte trop facilement de se faire bouger. On est encore un peu trop dans un état de confort. J'espère que tout le monde l'a compris et que cela nous servira de déclencheur".La mise en responsabilités de Carl Hayman et Bakkies Botha dans le secteur de la mêlée ainsi que des séances d'entraînement plus musclées ont été avancées par le staff technique pour faire réagir l'équipe.
Samedi à Exeter, face à un adversaire peu réputé pour son jeu d'avants, joueurs et entraîneurs du RCT -et plus spécialement Jacques Delmas et ses avants- ont rendez-vous. Avec eux-mêmes, leurs supporters déçus et un président qui commence à s'agacer...
