Maurice Agnelet, condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa maîtresse Agnès Le Roux, en 1977, a décidé de se pourvoir en cassation, avec l'espoir d'un éventuel quatrième procès dans cette affaire hors norme.
"Sa décision est claire et déterminée. Il inscrit aujourd'hui même son pourvoi en cassation au greffe de la prison" de Rennes où il est détenu, a déclaré son avocat, Me François Saint-Pierre, à la sortie de l'établissement pénitentiaire où il venait de s'entretenir avec son client.Maurice Agnelet "conteste le verdict de condamnation", prononcé par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, a ajouté Me Saint-Pierre.
a réagi Jean-Charles Le Roux, le frère d'Agnès, la jeune femme mystérieusement disparue à la Toussaint 1977 et dont ni le corps ni le véhicule n'ont été retrouvés."Maurice Agnelet est fidèle à lui-même. C'est un procédurier acharné",
"Je pense que les magistrats de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine ont fait leur travail avec beaucoup de rigueur. Je ne suis pas très inquiet sur l'issue du pourvoi", a ajouté Jean-Charles Le Roux, estimant par là-même que le pourvoi devrait être
rejeté.
8 à 10 mois de délai
Me Saint-Pierre a expliqué que "la Cour de cassation va statuer dans un délai de 8 à 10 mois à peu près". Pendant ce temps-là,
Maurice Agnelet "restera incarcéré. C'est dire sa détermination (à) continuer son combat. Il proteste de son innocence", a commenté son défenseur.
Demande de libération conditionnelle repoussée
Me Saint-Pierre lui avait pourtant bien indiqué que s'il avait renoncé à se pourvoir en cassation, il aurait pu, compte-tenu de la date des faits qui lui sont reprochés et de son âge notamment, déposer rapidement une demande de libération conditonnelle.
Celle-ci aurait pu "lui être accordée dans les mois à venir", a souligné Me Saint-Pierre.
Mais c'est donc au prix d'une "détention peut-être plus longue" que Maurice Agnelet "souhaite continuer son combat", a ajouté son avocat.
Suspendu à la décsion de la cour de cassation
Maurice Agnelet est donc dorénavant suspendu à la décision de la Cour de cassation.Soit celle-ci "annule le verdict (de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine), et ce serait un quatrième procès", a expliqué l'avocat. "Soit ce pourvoi est rejeté et à ce moment-là, la condamnation sera définitive, a poursuivi Me Saint-Pierre, qui envisagerait dans ce cas de faire une demande de libération conditionnelle, mais dans "un délai ultérieur".
Un 4è procès sans la famille Le Roux
Me Saint-Pierre a ajouté que lui et son client pourraient "saisir la Cour européenne dans droits de l'Homme". Mais l'avocat devra auparavant "examiner les motivations" de la cour d'assises rennaise.Maurice Agnelet se retrouverait alors dans une situation qu'il a déjà connue: acquitté en 2006 dans cette affaire fleuve, il avait été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'Homme estime, début 2013, que ce procès n'était pas équitable, ouvrant la voie au nouveau procès de Rennes.
Du côté de la famille Le Roux, en cas de quatrième procès, "nous n'en serons pas", a assuré Jean-Charles, qui parlait aussi au nom de ses deux soeurs. "Nous considérons que la décision (de la cour d'assises) est définitive", a-t-il conclu.
Quatre semaines de procès
La condamnation de Maurice Agnelet est intervenue au terme de quatre semaines de procès, marqué par un affrontement au sein de la famille Agnelet: le fils Guillaume Agnelet a accusé son père du meurtre d'Agnès Le Roux, certitude basée, a-t-il affirmé, sur des confidences de ses parents.Via une visioconférence, Guillaume Agnelet avait raconté à la cour que sa mère lui avait dit : "ils (Maurice Agnelet et Agnès Le Roux, ndlr) sont allés faire du camping dans un coin tranquille près de Monte Cassino (en Italie). Il aurait, pendant son sommeil, tiré sur Agnès (...)". Maurice Agnelet aurait laissé le corps dans une forêt.
Lors d'une confrontation, le clan Agnelet s'est déchiré, la mère de Guillaume contestant ces accusations. Une enquête a été ouverte côté italien.