À Fréjus, la municipalité FN veut obliger les artistes qu'elle héberge à garder les enfants

La municipalité FN de Fréjus envisage de demander à une 15aine d'artistes et d'artisans d'art installés dans des locaux qu'elle leur loue à prix modérés de participer en contrepartie, bénévolement, à l'accueil d'enfants des écoles élémentaires dans le cadre de l'aménagement des rythmes scolaires.

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L'initiative a été accueillie avec surprise et incompréhension par les intéressés. "Moi, je vais vous dire les choses, elles sont extrêmement simples", a déclaré le sénateur-maire Front national de la ville, David Rachline, lors du conseil municipal du 21 juillet. "La ville finance en grande partie le loyer d'un certain nombre de ces dames et messieurs (...) Il y a un minimum de retour (...). Le débat va s'arrêter ici:  soit cela se passe bien et tout le monde est d'accord pour participer, soit je mets un terme à cette histoire où l'on paye des loyers à tout le monde. Voilà donc c'est clair, comme cela je l'aurai dit publiquement", a-t-il annoncé, selon un enregistrement que l'AFP a pu se procurer. 

"La municipalité a décidé de nous faire travailler à l'oeil, ils veulent qu'on garde les enfants gratuitement !", s'insurge Olivier Isselin, photographe d'art.

Celui-ci, qui envisage désormais de quitter les lieux, explique que ni lui ni les autres artistes concernés n'ont été consultés au préalable. "Le problème, c'est que nous ne sommes pas formés à l'accueil d'enfants aussi petits, souligne-t-il. Et comment s'engager de la sorte alors que nous devons souvent nous absenter pour participer à des expositions ou tout simplement faire notre travail ?"

Reportage à Fréjus de Coste Mariella, Curt Patrick et Joubert Béatrice : 

Intervenants : Olivier Isselin - Photographe, dit Félix, Philippe Gallego - Plasticien fondeur, Richard Sert - Premier adjoint mairie de Fréjus et Me Emmanuel Bonnemain - Avocat au barreau de Draguignan.

Le maire s'est exprimé sur son compte Twitter :

2,50 euros le mètre carré

Les artistes concernés bénéficient effectivement de conditions favorables, avec des loyers mensuels à 2,50 euros le mètre carré dans la vieille ville de Fréjus.
Leur ancienne convention d'occupation, arrivée à échéance le 30 juin, ne mentionnait pas l'obligation de participer à des activités périscolaires. La convention qui va leur être proposée a donc été modifiée par la municipalité, ce qui est légal, de manière à faire apparaître l'obligation de participation aux "actions pédagogiques organisées par la ville", de 16H30 à 18H00, dans leurs locaux. 

"Situation financière délicate"

Emmanuel Bonnemain, avocat du barreau de Draguignan, s'est penché sur ce dossier à la demande des artistes. "La plupart sont déjà dans une situation financière délicate, explique-t-il. Là, on leur impose une charge supplémentaire, puisqu'ils vont travailler bénévolement sur leur temps de création. Il est prévu aussi que les enfants soient accueillis dans les locaux des artistes. Mais qui va payer l'assurance et le matériel que les scolaires vont bien devoir utiliser ?"

L'avocat souligne aussi que ces quinze artistes et artisans d'art sont regroupés avec d'autres au sein d'un "circuit des métiers d'art". "Or, explique-t-il, c'est grâce à ce circuit que Fréjus a le label de ville d'art et d'histoire, un label qui permet de classer l'office du tourisme en catégorie 4 étoiles et donc, sur les plages de la ville, d'obtenir le droit d'installer des installations démontables mais qui ne sont en fait pas démontées". 

La municipalité de Fréjus n'a donc pas intérêt à perdre ce label. Pourquoi, alors, se mettre à dos des artistes qui participent également à l'animation de la commune ?

"Notre position, c'est que chacun a des droits et des devoirs, indique Richard Sert, premier adjoint à la mairie de Fréjus. Ces artistes bénéficient de conditions d'occupation très favorables avec des loyers modiques, pour ne pas dire plus.


Et de poursuivre, "en retour, on attend qu'ils contribuent à la vie culturelle et artistique de Fréjus. D'ailleurs, certains d'entre eux participent déjà à des activités périscolaires au profit de la commune voisine de Puget-sur-Argens".

"Exact, relève Me Bonnemain, mais en échange d'un revenu de 25 euros de l'heure, et avec un accueil des enfants qui se fait dans les écoles, et sous la responsabilité des chefs d'établissement". 

L'académie de Nice, dont dépend Fréjus, n'a pu être jointe en cette période de vacances. Mais, selon Me Bonnemain, si le rectorat a bien été associé en amont, comme les services de la préfecture du Var et de la Caisse d'allocations familiales, à l'élaboration du projet éducatif territorial de Fréjus portant cet aménagement des rythmes scolaires,  il n'est pas au courant des modalités précises d'application.
- avec AFP-
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