Les dépôts sauvages de déchets en tous genres se multiplient en France. Plus de trente mille selon les associations qui tentent de lutter contre ce phénomène aux graves conséquences environnementales, sanitaires mais aussi économiques.
L’image paraît totalement surréaliste. Une décharge sauvage qui s’étend sur 500 mètres le long d’une route près de la gare TGV d’Aix-en-Provence. Des déchets en tous genres qui empiètent même sur la moitié du bitume. C’est le dernier exemple en date qui illustre parfaitement ce fléau qui touche désormais l’ensemble de notre pays. Ici un collectif de citoyens a lancé une pétition pour faire réagir les pouvoirs publics.
Même en centre-ville
Dans les champs, dans les forêts, au bord des cours d’eau, dans les zones périurbaines et même désormais au cœur des grandes villes, le phénomène semble incontrôlable. À Marseille, selon l’association "Marseille Poubelle la Vie", plus aucun quartier n’est épargné. Dès la nuit tombée, particuliers et professionnels se délestent discrètement de leurs déchets polluants.Des décharges à ciel ouvert contre lesquelles se bat aussi l’humoriste Jean-Yves Sayag qui publie régulièrement les vidéos des lieux souillées dans la métropole sur son compte Facebook, dénonçant souvent le laxisme des pouvoirs publics face à ces montagnes de déchets qui empoisonnent l’environnement.
Pollution des sols
Depuis plus de 20 ans au gré du durcissement des lois sur le recyclage des déchets, bon nombre d’artisans et d’entreprises du BTP ont préféré déverser illégalement leurs gravats dans la nature plutôt que de payer pour le recyclage comme le prévoit la loi, notamment pour l’amiante dont le traitement coute très cher. Des professionnels peu scrupuleux auxquels viennent s’ajouter de plus en plus de particuliers qui par facilités font l’impasse sur la déchetterie.Alors évidemment il y a des opérations de nettoyage ponctuelles comme ces derniers jours sur le Mont-Lozère où dix tonnes de déchets en tous genres accumulés depuis trente ans ont été évacués du ravin de l’Usclade grâce à une grue. Ils étaient à moins de deux kilomètres d’une source et menaçaient la qualité de l’eau.
Malheureusement, les déchets que le temps a enterrés ne pourront pas être récupérés en raison des difficultés d’accès au site. Pour le président de la communauté de communes Goulet-Mont-Lozère, ce territoire compterait une bonne dizaine d’autres décharges sauvages qui continuent de polluer les sols, les nappes phréatiques et les cours d’eau avec des conséquences sanitaires difficilement quantifiables.
Amendes et répression
Pour lutter contre ces dépôts sauvages et ces graves atteintes à l’environnement, certaines communes ont mis en place des "brigades vertes" chargés de débusquer les contrevenants en cherchant des indices qui permettraient de les identifier. D’autres ont opté pour des caméras de surveillance mobiles placées aux endroits sensibles pour identifier les auteurs et ainsi leur envoyer la facture.Les associations elles réclament des amendes plus dissuasives pour les pollueurs et plus de répression de la part des maires et des polices municipales. Le code de l'environnement fixe aujourd'hui à 75 euros d'amende le fait de jeter une poubelle pour un particulier, 1.500 euros en cas de dépôt depuis un véhicule. S'il s'agit de déchets professionnels, l'amende peut atteindre 75.000 euros assortie d'une peine de 2 ans de prison.
Le maire de Lagneville dans l’Oise, Christophe Dietrich, a fait le buzz l’an dernier avec une méthode plus radicale : le retour à l’envoyeur. Une fois l’auteur d’un dépôt sauvage identifié, l’édile n’hésite à aller déverser ses déchets devant chez lui. Expéditif mais efficace.