Le troisième volet de notre série « l’Europe sans bla-bla » dédiée aux élections européennes ( 26 mai 2019 ) est consacré aux pesticides. Qui décide de leur autorisation en Europe ? Avec quelle méthode et sous quels critères ? Réponse, avec comme exemple le très contesté glyphosate.
En février 2017, plus d'un million trois cent mille européens, issus de 7 pays, ont signé une pétition, en fait une initiative citoyenne européenne, pour demander à la Commission europénne d'interdire l'utilisation du glyphosate en Europe. Une idée lancée par une quarantaine d’ONG dans plusieurs capitales européennes.
Le glyphosate est l'herbicide le plus vendu dans le monde, mais aussi le plus controversé en raison de ses possibles effets sur la santé.
La Commission européenne a pour obligation de réagir sous trois mois. Mais sa réponse a stupéfait les signataires de la pétition. En effet, en décembre 2017, elle a reconduit l'autorisation d'utiliser le glyphosate sur le marché européen, pour encore 5 ans. Elle s'appuie alors sur les recommandations de l'EFSA, l'agence européenne de sécurité des aliments, qui, après avoir compilé plusieurs études, dont celles des fabricants, a déclaré qu'il n'y avait pas de preuve suffisante pour dire que le produit est cancérogène.
Pourtant, deux ans plus tôt, en 2015, une étude réalisée par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'OMS ( organisation mondaile de la santé) et référence mondiale dans ce domaine classe l'herbicide comme cancérogène "certain pour l'animal" et "probable chez l'homme". "Il y a des preuves limitées de cancérogénicité chez l'homme pour le lymphome non hodgkinien (...), il a également causé des dommages à l'ADN et aux chromosomes dans les cellules humaines", précise le Circ dans son rapport.
Cette affaire pose le problème de la méthode utilisée pour autoriser les substances chimiques en Europe. Le parlement n'a pas le droit de vote. Ce sont les États Membres qui doivent se mettre d'accord à la majorité qualifiée. Ils se basent entre autre sur les recommandations de l'EFSA.
Quant à l'EFSA, l'agence européenne de sécurité des aliments, elle base ses analyses sur plusieurs études, dont des documents fournis par les fabricants, censés prouver que leur produits ne sont pas dangereux.
Le Parlement européen : un garde-fou
Un fonctionnement que remet en cause le Parlement européen. Des euro députés ont monté une commission spéciale pour mener l'enquête sur ces méthodes d'autorisation. Le parlement, qui joue d'ailleurs un rôle de garde-fou. Ils ont par exemple réussi à faire réduire l'autorisation d'utilisation du glyphosate de 15 à 5 ans.Mais il n'est pas le seul à prendre des précautions. En France, le tribunal administratif de Lyon a pris la décision le 15 janvier dernier, d’annuler l’autorisation de la mise sur le marché du Roundup Pro 360.
Alors l'Europe nous protège-t-elle ou pas ?
Hormis le glyphosate, la législation européenne a tout de même permis de réduire considérablement le nombre de substances actives approuvées dans l'Union puisque 700 d'entre elles ont été retirées depuis 25 ans. Ces dernières années, elle a favorisé des substances avec un moindre impact sur l'environnement. L'Europe n'hésite pas à suspendre ou interdire des substances quand celles-ci provoquent des dommages avérés : c'est ainsi que l'utilisation de trois néonicotinoïdes ayant des conséquences néfastes sur les abeilles a été fortement limitée depuis 2013.
L'Aube championne du glyphosate
Le glyphosate est un puissant herbicide, utilisé par de nombreuses personnes. Avec l’ajout de plusieurs produits chimiques, il est plus facilement absorbé par les plantes. Il pénètre ainsi par les feuilles et se diffuse jusqu’aux racines.9000 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017. Malgré une baisse légère baisse entre 2014 et 2015. Selon une étude réalisée par France Info qui s’est basé sur les derniers chiffres publiés par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques.
Cinq départements sortent du lot avec une vente de glyphosate qui se situe entre 250 et 350 tonnes environ en 2017 qui sont l’Aube, l’Allier, la Charente-Maritime, la Gironde et la Charente.
La vente dans ces départements est trois supérieurs à la moyenne de l’ensemble des autres départements. A l’inverse, la Lozère, la Corse du sud et la ville de Paris ont le chiffre les plus bas avec respectivement 3.6, 1.6 et 0 tonnes.