En France, la grande majorité de l'électricité consommée est encore nucléaire. Mais un peu partout, des coopératives citoyennes s’engagent dans la transition énergétique. On a la solution ! vous emmène près de Montpellier, où des "survoltés" ont créé leur propre parc solaire.
Sur le terrain de cette ancienne décharge, sept cent quinze panneaux solaires strient le paysage. Ce parc photovoltaïque appartient aux membres de l’association Les Survoltés , un collectif citoyen de production d’énergie a Aubais, dans le Gard.
“Tout a commencé en 2011, avec un combat contre le gaz de schiste incarné localement” raconte Antoine Rousseau, le co-président du Watt Citoyen, la structure qui redistribue l'énergie du parc. Dans la région des Cévennes, un projet de fracturation hydraulique avait suscité de vives protestation.“Le collectif s’est réuni et on s'est dit qu'il fallait qu'on propose une alternative.” De là, est né ce projet de parc énergétique partagé. On a la solution ! l’émission qui fait le tour de France des initiatives citoyennes et écologiques vous présente cette source d'électricité verte.
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“En 2014, on ne parlait pas autant de transition écologique” reprend Antoine. “C’était pourtant une époque où toute une dynamique locale se mettaient en place, avec des circuits courts, des AMAPs…” Quand la Région a lancé un appel à projet autour des énergies renouvelables, les membres du collectif n'ont pas hésité à étendre les circuits courts à l'électricité. Près de deux ans plus tard, les premiers panneaux solaires étaient posés et la production du Watts Citoyens à débuté en juin 2018.
Chaque membre du collectif a investi dans le parc photovoltaïque, à hauteur de ses moyens. Dans cette association citoyenne, chacun à son mot à dire. “On est tous bénévoles et la société est gérée par un statut coopératif. Chaque personne à une voix quel que soit le montant de l’investissement” explique Antoine.“L’engagement des Survoltés c’est de participer à un projet local, d’encourager la transition énergétique et accessoirement, ces investissements rapportent 3% par an. C’est quatre fois plus qu’un livret A.”
Réinjecté dans le circuit
Les énergies renouvelables représentent 22,7% de la production française, contre 71,5% pour le nucléaire. Une part que Les Survoltés d’Aubais veulent augmenter. Leur ferme photovoltaïque produit 370 MWh par an, l’équivalent de la consommation électrique, hors chauffage, de cent cinquante foyers. Mais Les Survoltés ne sont pas autonomes énergétiquement.“Chaque sociétaire a son propre abonnement pour l'électricité” explique-t-il. “Nous produisons de l'énergie qui est injectée dans le réseau national de distribution”. L'électricité verte est donc mélangée dans les circuits. Pour s’assurer qu’elle soit la plus responsable possible, la coopérative collabore avec Enercoop, un distributeur d’énergie militant dont les consommateurs peuvent aussi devenir sociétaires.
“Aujourd’hui, quel que soit le fournisseur, l’énergie qui sort de la prise est la même pour tout le monde” confirme Fanélie Carrey-Conte, la secrétaire générale d’Enercoop. “Mais nous avons un traçabilité financière, pour comprendre à quoi servent les factures. On garantie que ça sert à rémunérer des producteurs d’énergie durable et cette liste est d’ailleurs ouverte sur notre site."
Cette Société Coopérative d'Intérêt Collectif ( SCIC) à été fondée par des membres de Greenpeace en 2005, alors que la France s'apprêtait à mettre fin au monopole d’EDF sur le marché de l'électricité. Aujourd’hui, Enercoop collabore avec deux cent cinquante producteurs et fournit près de 80 000 personnes en électricité.
“Notre objectif, c’est de pouvoir accélérer la transition énergétique. Et pour faire cela, il y a un certain nombre de producteurs qu’on va rémunérer à un tarif au-dessus du marché et s’engager sur plusieurs années. C’est un moyen de pérenniser ces projets.” Une démarche qui explique aussi, en partie, ses tarifs. D’après le Monde, Enercoop seraient en moyenne 15% plus cher que ses concurrents. “On s’aperçoit que nos sociétaires économisent davantage d’énergie que la moyenne. Probablement parce qu’ils sont davantage sensibles à la question.”
Le micmac des certificats de garantie d’origine
Total, Engie et même EDF… Presque tous les fournisseurs d’énergie proposent des contrats d'électricité verte. Mais dans une étude, parue en décembre 2018, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie pointe du doigt le fossé qu’il existe entre certains fournisseurs militants (Enercoop, Ilek, Energie d’ici, l'offre « petits producteurs indépendants » d'EkWateur...) et les offres vertes “standards". En cause, les certificats de garantie d’origine : un document électronique délivré par un organisme aux producteurs d'énergies renouvelables. Il atteste des conditions de la production d’un MWh vert. Si, pour le consommateur, il n’est pas possible de savoir d’où vient exactement l’énergie qui alimente son frigo, ces certificats lui confirment qu’une quantité équivalente d’énergie verte est réinjectée dans le circuit.
“Nous achetons l'énergie physique et les garanties d’origine aux même producteurs” explique la secrétaire générale d’Enercoop. Mais ce contrat direct n'est pas obligatoire pour qu'une offre soit qualifiée de "verte". "Un fournisseur peut acheter de l’énergie "grise" -ndlr: d'origine indiférenciée, donc la plupart du temps nucléaire- et le compenser en achetant des garanties d’origine a quelqu'un d'autre en Europe." Un système que décrit Carole Keller, la chef du service d’information du médiateur national de l’énergie dans cette vidéo.Il y a une séparation entre les certicats d'origine et les mégawattheure. Tout peut s'échanger sur des marchés différents.
Un certificat de garantie d'origine rapporte entre 0,15 et 3,6€/MWh à un producteur d'énergies renouvelables, tandis qu'avec les contrats directs, il touche également le prix megawattheur, qui lui coûte plusieurs dizaines voire plus d'une centaine d'euros en fonction des installations et du marché. L'ADEME conclue donc que ces fournisseurs millitants contribuent bien plus au développement des énergies renouvelables, et encourage à la création d'un label pour permettre aux consommateurs de faire la différence.
Peu à peu, les citoyens se réapproprient les sources d'énergies. Que ce soit avec des panneaux solaires sur les toits des particuliers ou des éoliennes partagées les énergies renouvelables sont de plus en plus accessibles. D'après l'Agence internationale des énergies renouvelables ( l'IRENA) le coût de production de l'éléctricité verte aurait baissé de 10% en 2018 et devrait continuer de chuter. Et pour ceux qui n'auraientt ni voisins motivés, ni jardins exposés mais un peu d'argent de côté, il est toujours possible d'investir dans des projets citoyens comme Énergie partagée. Un moyen de devenir un acteur et actionnaire de la transition énergétique.