A un an des élections municipales, les maires ruraux invitent les citoyens à se mobiliser pour leur commune. Des élus ont lancé un appel sur un site internet spécialement créé pour l'occasion. Une tribune signée par une cinquantaine de personnalités.
Ces quelques phrases que l'on peut lire sur le site des communes et des citoyens en disent long sur la volonté des maires ruraux de faire bouger les choses. Avec cette tribune lancée le 25 mars dernier, ces élus locaux espèrent réveiller le citoyen qui sommeille en nous.La commune est à vous ! Et si, pour être mieux représentés et écoutés, nous prenions en main notre destin, là où nous sommes ?
Votre village ou votre ville n'attendent plus que vous, et votre envie de bien faire, ensemble, là où vous êtes, à l'écart des sectarismes politiques, des schémas qui enferment et excluent.
Acteur plutôt que consommateur
Plus concrètement, le site demande aux habitants des petites communes de proposer un projet pour 2020, date des élections municipales. Invité de Dimanche en politique à France 3 Ile-de-France le 24 mars dernier, Yvan Lubraneski qui est l'un des maires à l'origine de cette tribune explique que l'idée de cet appel est de redonner du sens au collectif.
Et on l'a abandonné parfois en considérant qu'il y avait les élus d'un côté et les citoyens de l'autre. Yvan Lubraneski, maires des Molières, président des maires ruraux de l'Essonne .
Conjointement à cet appel, Yvan Lubraneski a co-écrit un livre sur le sujet dans lequel il rassemble des récits d'élus qui ont développé dans leurs communes de nouvelles pratiques politiques. Parmi ces maires, il y a Alain Lamour, maire de Longpont-sur-Orge dans l'Essonne. Présent également sur le plateau de Dimanche en politique, l'élu estime que les citoyens sont devenus consommateurs de politique et non plus acteurs.
Rien ne peut changer si les citoyens ne s'investissent pas en politique, au sens noble du terme, c'est à dire s'occuper de la vie de la commune. Alain Lamour, maire de Longpont-sur-Orge (Essonne)
Des maires qui ont le blues
Cet appel à un engagement des citoyens dans la vie politique résulte aussi d'un véritable ras-le-bol des élus ruraux. Un maire sur deux (49%) ne se représentera en 2020 selon une étude de l’association des maires de France (AMF) et du Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po. L'exigence des administrés, le manque de moyens financiers avec la baisse des dotations de l'Etat expliquent, en partie, ce désistement face aux prochaines échéances locales. Après 27 ans à la tête de la commune de Mérignies, dans le Nord, Francis Melon, 72 ans , a pris sa décision. Il ne renouvellera pas son mandat. Place aux jeunes dit-il. Mais comme beaucoup d'élus locaux, il dénonce le manque de pouvoir accordé aux maires.
Il y a des gens dans les services centraux qui sont aussi là pour nous freiner parce qu'on ne veut pas qu'on se développe de trop. L'urbanisme, c'est le sujet, à mon avis, le plus compliqué. Francis Melon, maire de Mérignies (Nord)
Comment mobiliser les citoyens ?
En décembre dernier, s'est déroulée l'opération "mairie ouverte" lancée par l'Association des maires ruraux de France, puis le grand débat national qui a pris fin mi-mars. Les dizaines de milliers de propositions faîtes par les Français vont être analysées. Mais pour beaucoup d'élus, ces initiatives doivent se poursuivre. A Aspiran, , dans l'Hérault, le maire a décidé de consulter ses administrés sur le devenir d'une école privée catholique fermée en 2016. Lieu emblématique de cette commune de 1700 âmes, les habitants sont invités a donner leur avis sur son avenir.
Le but est d'ouvrir à la discussion, de présenter quelque chose qui va les interpeller et d'arriver à un projet accepté de tous. Didier Cellier, adjoint au maire chargé de l'urbanisme
Une démocratie participative appréciée par les habitants ravis qu'on leur demande leur avis sur un sujet qui les touche au plus près.