Le mois d'avril marque la fin de la trêve hivernale en France. Après cinq mois d'interruption, les expulsions locatives vont reprendre. Les associations redoutent cette année une explosion des expulsions.
En 2017, 126 000 décisions d'expulsions ont été prononcées, selon le dernier bilan annuel de la Fondation Abbé Pierre (FAP). Cette même année, plus de 15 000 ménages ont été expulsés.
+ 46 % de procédures depuis 2009
En dix ans, les expulsions ont explosées. Près de 300 000 personnes ont été sorties de leur logement par la force publique. Pour dénoncer cette situation, l'association a organisé une action "coup de poing" ce dimanche 31 mars, devant le ministère du Logement. Un paillasson géant a été déroulé avec l'inscription "Bienvenue dans la rue". Objectif : dénoncer le sort de ces milliers de personnes menacées de perdre leur toit ."Une multiplication des expulsions en contradiction avec la politique du logement d'abord affichée par le gouvernement " estime la Fondation.
Des milliers de sans-abris remis à la rue
La fin de cette trêve hivernale touche également les personnes qui sont déjà sans domicile fixe. Celles qui ont puêtre hébergées dans l'un des centres d'accueil d'urgence ouverts cet hiver. Selon plusieurs associations, 8000 SDF vont se retrouver à la rue. A Pantin en Seine-Saint-Denis, 328 personnes sont herbergées depuis cet hiver dans un immense hangar prêté par la SNCF à Emmaüs Solidarité. Encadrées par des travailleurs sociaux, ces familles se retrouvent aujourd'hui, livrées à elles-mêmes. Une situation dénoncée par l'association :
"commencer un accompagnement et dire madame monsieur c'est terminé vous retournez à la rue, c'est totalement absurde, c'est un sujet qui devrait être une grande cause national"
Une date redoutée aussi par les migrants
Le secteur associatif s'inquiète aussi cette année de voir le phénomène amplifié par la remise à la rue de centaines de migrants.A Villeurbanne, près de Lyon, 200 demandeurs d'asiles sont menacés de se retrouver à la rue. Depuis décembre 2017, Ils squattent un ancien centre de formation des pompiers désaffecté. Surnommé "amphi Z", ici tout est organisé pour la vie en collectivité. On y trouve même une salle de classe." Ca nous aide à pratiquer la langue française" précise Abdou, originaire d'Afrique et désormais menacé d'expulsion par la Métropole de Lyon, propriétaire du bâtiment."On craint d'être expulsé sans relogement, c'est ça qui est un peu difficile, confie Shaw soutenu comme les autres habitants par plusieurs collectifs de soutien.
Définition de la trêve hivernale
La trêve hivernale est née après un appel de l'Abbé Pierre en 1954. Elle a été inscrite dans la loi en 1956. Depuis 2014, elle dure du 1er novembre au 31 mars.Pendant cette période, la loi interdit d'expulser les locataires de leur logement.