Visite chez Louis Schittly, celui qu'on connaît comme "médecin-paysan". En ces temps de confinement, le co-fondateur de l'organisation "Médecins sans frontières", aujourd'hui octogénaire, nous reçoit chez lui, à Bernwiller. Il nous emmène en balade.
« Savez-vous combien d’espèces d’oiseaux l’on peut observer en Alsace? Environ 230! Moi, j’en ai vu 111. » Dans son grand jardin, agrémenté ça et là d’arbres fruitiers, Louis Schittly aime passer du temps à regarder mésanges et corneilles, les yeux rivés à ses jumelles. C’est même une véritable passion chez cet ancien médecin de 82 ans, qu’il partage avec ses petits-enfants. Et lorsqu’il s’assied dans la cour de sa ferme, il lâche poules, oies, et coqs, et se plaît à les regarder picorer des graines sur le sol en terre battue.
La nature occupe une grande place dans son village de Bernwiller. « Ici, le confinement n’a rien changé, nous vivons loin les uns des autres de toute façon ». Et surtout, le confinement ne l’empêche pas d’aller cueillir des champignons, qu’il sait où trouver. Même s’il avoue que sa cueillette, cette année, n’était pas prolifique...
Nature et recueillement
Lorsqu’il ne se promène pas, Louis Schittly apprécie le calme. Son épouse sait où le trouver : dans sa tanière un peu poussiéreuse, un bureau aménagé au-dessus de la grange. Allongé dans un grand hamac, il se plonge dans la lecture - il possède des centaines de livres, rangés par thématique (littérature française, allemande, philosophie, religion...). Ou alors, il saisit sa plume et noircit quelques pages de son journal, pour ne pas perdre le fil de l’écriture. « J’aime écrire, parce que cela oblige à penser lentement ».
De ses années passées en Afrique, en tant que co-fondateur de Médecins sans frontières avec Bernard Kouchner, il garde quelques souvenirs posés sur des étagères. Une pierre polie trouvée dans le Sahara, un embout de hache, des crânes d’animaux... Mais ne comptez pas sur lui pour être nostalgique.
Si, peut-être, lorsqu’il raconte ses visites au Mont Athos, en Grèce. L’endroit où il a découvert la religion orthodoxe, sur le tard. Il y a plus de trente ans, il a fait construire une chapelle dans son propre jardin, pour éviter de devoir faire la route jusqu’à Strasbourg... Il s’y recueille presque tous les jours. Et allume plusieurs cierges : pour les vivants, et pour les morts.