Les dirigeants du groupe textile américain Albany, qui a annoncé la suppression de 200 emplois sur ses deux sites français, ont "campé sur leurs positions" à l'occasion d'une table ronde mardi à Paris, selon les syndicats.
Les dirigeants du groupe textile américain Albany, qui a annoncé la suppression de 200 emplois sur ses deux sites français, ont "campé sur leurs positions" à l'occasion d'une table ronde mardi à Paris avec les syndicats, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et des élus locaux, selon les syndicats."Les membres de la direction ont campé sur leurs positions malgré la pression mise par M. Montebourg", ont déclaré à l'AFP les élus CGT à l'issue de la rencontre. "La direction manque d'arguments pour justifier son plan de restructuration", a affirmé Michaël Martin (CGT), pour qui les deux sites visés sont "rentables". Ce plan, annoncé en novembre, prévoit la suppression de 200 postes, soit près des deux tiers des effectifs des sites du Bas-Rhin (Sélestat) et de Haute-Vienne (Saint-Junien).
plan de restructuration
La direction le justifie par la "dégradation continue du marché des textiles industriels en Europe". Pour Michaël Martin, il s'agit de délocalisations déguisées vers la Corée du Sud, la Suède et l'Amérique. Le plan de restructuration prévoit le reclassement de 90 postes dans le cadre d'un partenariat entre Albany et l'équipementier aéronautique français Safran visant à la création d'un site industriel à Commercy (Meuse). Safran est intéressé par la technologie du tissage en 3D développé par Albany, pour fabriquer des palmes de réacteur. Cette technologie permet notamment une réduction de la consommation de kérosène.
Ce partenariat prévoit la création de 400 emplois, dont 200 via Albany. La construction de l'usine de Commercy doit commencer en février 2013 et s'achever vers la mi-2014. "Pourquoi ne pas implanter ce site à Sélestat", ont demandé les syndicats qui se sont vu opposer une fin de non recevoir par la direction d'Albany. La CGT juge nécessaire de geler la restructuration, estimant que le reclassement du personnel, largement féminin et d'une moyenne d'âge de 45 à 50 ans, risque d'être difficile.
127 emplois doivent être supprimés à Sélestat
"Le ministre va mettre la pression sur Safran, dont il est actionnaire à 30%", a indiqué Michaël Martin, à l'issue de la table ronde. Un comité central d'entreprise doit se tenir mardi prochain à Sélestat. Cent-vingt-sept emplois doivent être supprimés à l'usine de Sélestat, qui compte 227 salariés, et 75 postes à Albany-Cofpa de Saint-Junien, qui en compte près de 130. Albany, dont le siège est situé à Rochester (New Hampshire), emploie quelque 4.300 personnes sur ses sites répartis dans 11 pays. Le groupe est leader dans le domaine des composites tissés, des textiles pour habillage de machines industrielles, et tissus techniques pour l'industrie du papier.
Le communiqué de la direction d'Albany
La direction d’Albany a rappelé le projet de réorganisation déjà présenté aux représentants du personnel, qui aurait pour conséquence une réduction de 201 postes répartis sur les deux sites industriels de St Junien (Haute Vienne) et de Sélestat (Bas-Rhin). Ce projet s’inscrit dans la stratégie de réorientation du groupe, confronté au déclin de ses marchés traditionnels, vers de nouveaux enjeux technologiques porteurs d’avenir. A l’instar de ce qui a déjà été réalisé avec succès dans d’autres sites du groupe (par exemple en Allemagne), le projet de réorganisation en France comprend un volet d’investissements destiné à faire des sites de Sélestat et de St-Junien des centres d’excellence, chacun sur ses domaines spécifiques (Sélestat pour les tissus techniques destinés à l’industrie papetière et St-Junien pour les tissus techniques destinés à l’industrie des non-tissés).Albany International cherche à développer depuis plusieurs années de nouvelles activités de production de textiles techniques destinés à l’industrie aérospatiale (AEC pour Albany Engineered Composites) : ce projet se concrétisera prochainement en France et permettra de créer 250 emplois à l’horizon 2017. Dans un premier temps, une soixantaine de postes seraient créés dès mi-2013.
Le Ministre du Redressement Productif a proposé d’articuler ce projet de nouvelle activité avec la stratégie industrielle envisagée pour les sites de Sélestat et de Saint-Junien, en s’appuyant sur les compétences reconnues des salariés sur les deux sites. Dans cette perspective, Albany a réaffirmé sa volonté de dialogue et souhaite continuer à discuter avec les représentants du personnel, dans le cadre de la procédure en cours, du projet, de son intégration dans la stratégie industrielle du groupe et des alternatives éventuelles.
Le groupe tient à rappeler ses engagements dans le cadre de ce projet :
- La volonté de pérenniser les sites existants en France au travers d’investissements ciblés visant à sauvegarder leur compétitivité ;
- Le développement de ses activités orientées vers les textiles composites (AEC) permettront de créer des perspectives d’emploi réservés en priorité aux salariés du groupe en France et ce dès mi-2013.
- Le groupe proposera des mesures d’accompagnement spécifiques, notamment en matière de formation, de transition et de mobilité, aux salariés souhaitant se réorienter vers cette nouvelle activité.
- Pour les autres salariés concernés par le projet, le groupe mettra en oeuvre tous les moyens dont il dispose afin que chacun trouve une solution adaptée.
Ces engagements feront l’objet de discussions avec les représentants du personnel des deux sites dans les prochaines semaines.
Par ailleurs, les parties en présence ont convenu de se retrouver début Janvier 2013 pour approfondir les pistes ouvertes lors de la réunion du 18 décembre 2012.