Les bureaux de vote ont ouvert en Alsace pour le référendum régional

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin dans toute l'Alsace pour un référendum inédit où les électeurs sont appelés à dire "oui" ou "non" à la fusion du conseil régional et des deux conseils généraux (Bas-Rhin et Haut-Rhin).

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Le scrutin, ouvert à 8h00, sera clos à 18h00, sauf à Strasbourg où les bureaux ferment à 20h. Le résultat de cette consultation est incertain, surtout du fait d'une participation qui s'annonce faible. Or, pour être validé, le projet de collectivité unique d'Alsace (CTA) doit être approuvé par au moins 50% des électeurs, mais aussi par au moins 25% des inscrits, et ce dans chacun des deux départements. 

Vers 8h45 dimanche, alors que l'Alsace se réveillait dans des températures hivernales, seuls dix électeurs s'étaient présentés dans un bureau de vote du quartier strasbourgeois de la Meinau. "C'est très peu, d'habitude on a déjà 15 personnes qui patientent devant la porte à 8h00", a expliqué un assesseur. Devant les bureaux de vote, les affiches électorales reflétaient la complexité de la campagne qui vient de s'achever, où les lignes de partage entre partisans du "oui" et du "non" ont parfois regroupé des coalitions hétéroclites.

"Notre République une et indivisible, non à la collectivité d'Alsace", proclame ainsi le Front de Gauche, tandis que le Front national assure: "je veux l'Alsace française, je vote non". L'UMP, majoritaire dans les trois collectivités concernées, proclame quant à elle: "Efficacité, je dis oui. Une collectivité au lieu de trois ça fonctionne mieux". Les écologistes sont sur la même ligne. Quant aux socialistes, ils sont divisés.






Près de 1,3 million d'électeurs (750.000 dans le Bas-Rhin et 520.000 dans le Haut-Rhin) doivent répondre à la question: "Approuvez-vous le projet de création d'une Collectivité Territoriale d'Alsace, par fusion du Conseil régional d'Alsace, du Conseil général du Bas-Rhin et du Conseil général du Haut-Rhin ?" L'Alsace est ainsi la première à utiliser une possibilité ouverte par la loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010, une initiative qui a suscité l'intérêt de plusieurs responsables nationaux et d'autres régions. Censé, selon ses partisans, renforcer le poids de l'Alsace, le "oui" part favori. Mais l'issue de ce référendum est rendue incertaine par le taux d'abstention attendu dans le plus petit des deux départements concernés, le Haut-Rhin.

A l'issue d'une campagne généralement qualifiée de terne, mais plus éprouvante que ne le pensaient au départ les partisans de la réforme, son principal promoteur, le président du Conseil régional Philippe Richert (UMP) se dit toujours "raisonnablement optimiste". Jusqu'au dernier jour, cet ex-ministre des collectivités territoriales de Nicolas Sarkozy a sillonné les deux départements alsaciens pour prêcher en faveur de la "CTA", exhortant les électeurs à se mobiliser, car "chaque voix compte, et il n'y aura pas de deuxième tour". Il cite comme exemples pour l'avenir la possibilité de mieux coordonner la gestion des transports publics régionaux, celle des collèges et lycées, ou de prestations sociales comme le RSA.

Attention à l'abstention

Pour être adopté, ce référendum doit être entériné par au moins un quart des électeurs inscrits dans chacun des deux départements de cette région, la plus petite de France. Selon un sondage publié début mars, le oui pourrait recueillir près de trois-quarts des suffrages exprimés, mais une participation particulièrement faible dans le Haut-Rhin pourrait éventuellement bloquer le projet. Dans l'hypothèse de participation la plus pessimiste de ce sondage, le oui rassemblerait 30% des inscrits dans le Bas-Rhin, mais tout juste le seuil légal des 25% dans le Haut-Rhin. Une coalition hétéroclite du non a réuni pour l'occasion les deux extrêmes de l'échiquier politique (Front de gauche et Front national), mais aussi une bonne partie des socialistes, les "souverainistes" de tous bords, quelques élus UMP guère convaincus par les arguments de simplicité, plus grande efficacité et éventuelles économies mis en avant par les partisans de la CTA, et des syndicats comme FO et la CGT, qui redoutent une possible remise en cause du droit du travail national.

Les socialistes de Strasbourg, îlot de gauche dans une région très majoritairement de droite, regrettent notamment qu'au terme de tractations visant à ménager les susceptibilités du Haut-Rhin le siège du futur exécutif régional soit projeté dans le chef-lieu de ce département, Colmar, au lieu de la capitale régionale historique. Après avoir longuement hésité, le maire de Strasbourg Roland Ries (PS) a finalement indiqué qu'il se voyait "contraint de (se) réfugier dans l'abstention", face à un projet dont il dit ne pas désapprouver le principe de base, mais les modalités. Fort de sa casquette de sénateur, il a d'ores et déjà fait part de son intention d'être "très présent" dans le débat au parlement pour traduire dans une loi l'éventuelle adoption du projet alsacien.

Dans cette campagne électorale atypique, où les lignes de clivage partisan traditionnelles sont apparues brouillées, les militants les plus actifs en faveur du oui aux côté de l'UMP ont été ceux d'Europe écologie Alsace, portant haut leur slogan "Pour une Alsace grandeur nature". 
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