Le tribunal correctionnel de Colmar a renvoyé lundi au 25 septembre le procès du preneur d'otages multirécidiviste d'Ensisheim et a ordonné d'ici là une nouvelle expertise psychiatrique du prévenu.
Le détenu, qui est entré lundi après-midi dans la salle d'audience menotté et escorté de quatre agents armés et cagoulés de l'Equipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris), avait pris en otage pendant plus de 13 heures une surveillante à la prison d'Ensisheim le 14 août."Il était évident que la défense ne pouvait pas, en quelques jours, préparer la défense d'un homme qui encourt une peine d'emprisonnement de plus de 10 ans et qui présente un dossier qui pèse près de 3 kilos", a plaidé son avocat, Me Jérôme Caen. L'avocat, qui espère pouvoir plaider l'irresponsabilité lors de la prochaine audience, a obtenu une nouvelle expertise psychiatrique de Sadik Jdaidia par deux experts psychiatres.
Selon Me Caen, Sadik Jdaidia a agi ainsi parce qu'il "voulait en finir". "Mon client espérait que le GIGN lui mettrait une balle dans la tête. Depuis sa première incarcération, il attend d'être tué", avait-il confié avant l'audience. Le procureur de Colmar, Bernard Lebeau, a estimé que "la folie de l'acte ne signe pas la folie de l'auteur"."Mon client est aujourd'hui une nouvelle fois devant des robes noires, alors qu'il a besoin d'être examiné par une blouse blanche"
, a déclaré Bernard Lebeau. Le procureur a notamment rappelé le résultat des trois précédentes expertises, dont une pratiquée au mois de juillet, qui avaient toutes conclu que le détenu était responsable de ses actes, et a relevé "une absence de psychose"."M. Jdaidia est peut-être suicidaire, mais il semble être tout à fait cohérent lorsqu'il expose son but"
Présenté en comparution immédiate lundi, Sadik Jdaidia devra répondre en même temps de faits similaires commis à Château-Thierry en juin 2012 (Aisne), lors de sa prochaine audience en septembre. Âgé de 39 ans, Sadik Jdaidia, qui en est à sa quatrième prise d'otages ou tentative de prise d'otages en milieu carcéral, encourt 14 ans de prison pour enlèvement et séquestration, violence volontaire aggravée sur un personnel de l'Administration pénitentiaire à l'aide d'une arme.
Les multiples récidives de Sadik Jdaidia rappellent celles de Francis Dorffer, auteur de quatre prises d'otages en prison pour réclamer un rapprochement familial, condamné en juin aux assises de Paris à treize ans de réclusion. Auteur de prises d'otages d'une durée inférieure à sept jours et s'étant rendu volontairement, Sadik Jdaidia sera jugé en correctionnelle.