Pour se mettre en conformité avec les injonctions de Bruxelles, le gouvernement va faire passer la taxe sur les activités équestres de 7 à 20%. Cette hausse de la fiscalité qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2014 suscite beaucoup d'opposition chez les professionnels du secteur.
En référence à l'écotaxe, les opposants à la hausse de la taxe sur les activités équestres ont rebaptisé cette taxe "équitaxe". Avec une taxe qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2014, ce sont 105 clubs professionnels alsaciens qui anticipent des difficultés à venir.
Les 20 000 cavaliers licenciés que compte l'Alsace s'apprêtent à voir le coût de leur activité favorite augmenter...
Les structures associatives, elles, ne seront pas impactées pour les tarifs des leçons, car elles ne paient pas de taxe sur l'enseignement comme le font leurs collègues professionnelles. Elles verront en revanche le coût d'hébergement des chevaux augmenter. Ainsi, la question la plus préoccupante reste sans doute celle de l'impact sur les emplois et les animaux.
Des centaines de poneys dimanche à Paris
Des centaines de poneys et des milliers de cavaliers ont défilé dimanche 24 novembre à Paris pour défendre une TVA réduite sur les activités des centres équestres, mises en péril selon les organisateurs par un passage de 7 à 20%.
La préfecture de Paris a recensé 300 poneys et 5.000 manifestants. Les organisateurs avancent eux les chiffres de 900 poneys et 15.000 personnes dans le défilé.
Les manifestants, venus de plusieurs régions de France souvent en famille, portaient des t-shirts frappés d'un "non à l'équi-taxe" ou de "TVA à 20% = mort du cheval".
Beaucoup de jeunes cavaliers, équipés de bottes et casques d'équitation, avaient fait le déplacement et guidaient les poneys sur le parcours de la manifestation entre la place d'Italie et celle de la Nation.
Le monde de l'équitation se mobilise depuis une dizaine de jours contre une hausse de la TVA, entérinée par la publication d'un décret le 13 novembre afin de mettre la France en conformité avec une directive européenne encadrant l'application des taux réduits de cette taxe.
"Pour beaucoup de centres équestres, une telle hausse sera fatale", a estimé Serge Lecomte, président de la Fédération française d'équitation (FFE). "Aujourd'hui, la mobilisation est réelle, nous poursuivons le dialogue avec le gouvernement et nous espérons trouver une solution pérenne qui évite de mettre notre secteur d'activité en péril", a-t-il ajouté.
Vers la création d'un "fonds cheval"
Soucieux de répondre à l'inquiétude de cette filière, le gouvernement a proposé la création d'un "fonds cheval" et affiché son intention de renégocier à Bruxelles une TVA à taux réduit pour ce secteur. "Nous nous battrons dans le cadre de la directive TVA pour réintroduire les centres équestres dans le dispositif de taux réduit", avait ainsi affirmé vendredi le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. "Un fonds spécifique sera ouvert au profit des centres équestres", avait-il également confirmé.
Cette solution ne satisfait pas les responsables de la filière. "Nous ne voulons pas de subventions", a déclaré à l'AFP Serge Lecomte, qui juge possible de distinguer les activités équestres liées aux paris et la pratique sportive, pour laquelle la TVA réduite pourrait être maintenue. "La hausse de la TVA visait le monde du pari sportif, pas notre secteur qui est une victime collatérale", a ajouté le président de la FFE, qui veut travailler à une solution juridique avec le gouvernement.
Le "fonds cheval" pourrait être abondé de 20 millions d'euros, ce qui ne compenserait pas la hausse de la TVA, évaluée à environ 30 millions.
Les responsables de la filière équestre mettent en avant la menace pour de nombreux emplois. "Deux mille centres équestres (sur les 7.000 existants) sont menacés par cette hausse et leurs 6.000 emplois", a déclaré au micro Pascal Mulet-Querner, porte-parole du collectif "Equitation en péril" avant le début de la manifestation. Le secteur de l'équitation en France compte 700.000 licenciés et environ deux millions de pratiquants, selon la FFE.