Jours fatidiques en ce début 2014 : l'objet d'un investissement débuté il y a une dizaine d'années finit en ruines, sous les coups de grues. Le chantier ne pouvait pas être repris, et devenait trop dangereux pour les environs
Depuis plusieurs années, les futurs acquéreurs de cette soixantaine de logements, dans cette commune du pays haut proche du Luxembourg, savaient que leur achat ne deviendrait jamais réalité. Malfaçons, indélicatesses, puis faillite du promoteur auront eu raison de leur rêve.
Ce qui devait être un placement prévoyant pour de petits épargnants désireux d'améliorer leur future retraite est devenu un cauchemar.
Les bâtiments s'écroulent...
Aujourd'hui, alors que, économiquement comme techniquement, aucun espoir n'était possible pour sauver ce chantier, ce dernier devenait de plus en plus dangereux pour la population.
Il n'y avait donc pas d'autre choix que de démolir. La décision avait été prise il y a quelques mois par la mairie de Cutry. Ne restait plus qu'à la mettre à exécution.
Ce qui fut entamé lors de cette dernière semaine de janvier 2014 : les premières maisons ont tout simplement commencé à disparaître.
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Qui va payer ?
Si le chantier de démolition émane de la mairie (dans le cadre des missions de sécurité du premier magistrat de la commune), et si les 150.000 € vont être déboursés par la municipalité...dans un premier temps, l'opération sera finalement à la charge des futurs propriétaires !
Normalement, c'est le promoteur qui aurait dû être responsable, n'ayant pas livré à ses clients (qui, eux, n'ont pas réceptionné leur futur bien).
Mais du fait de la liquidation judiciaire, et de l'incapacité du mandataire liquidateur à pouvoir financer de tels travaux avec les fonds qu'il peut espérer récupérer, il n'y a pas d'autre choix que d'ajouter encore cette perte à celle, déjà conséquente, subie par les clients.
Car c'est bien la quasi intégralité qu'ils ont versé...et qu'ils vont devoir rembourser à leurs banques, pour des biens qui n'existeront jamais.
"Le plus dur dans cette histoire est de voir cet ancien promoteur continuer dans ce secteur d'activité, comme si de rien n'était, avec un train de vie toujours semblable à celui qui était le sien au début de l'aventure" précise l'un des futurs propriétaires... "Comme s'il avait réussi à éviter l'orage qui s'est abattu sur nous !" ajoute t'il.
Les futurs propriétaires, regroupés en association, ont donc un certain espoir que la justice saura sanctionner les fautes dans ce difficile dossier, et saura leur permettre d'obtenir réparation.
Alors que de nombreuses plaintes ont été déposées, le dossier avance très lentement. L'enquête en est toujours au stade de l'instruction.
Par contre, ce qui est arrivé à ces victimes ne pourra plus se reproduire : la ministre du logement Cécile Duflot a fait adopter en octobre 2013 une ordonnance prévoyant l'obligation pour un promoteur immobilier de devoir souscrire une "garantie extrinsèque".
En clair, dorénavant, si un promoteur devait s'avérer défaillant, une assurance indépendante de lui ferait reprendre le chantier...pour que celui ci puisse être achevé quoi qu'il arrive.
De passage à Cutry le 6 janvier dernier, la ministre est allé voir le désastre...et a expliqué le contenu de cette ordonnance.
Nos précédents articles sur ce dossier :
- Cutry : détruire sa maison sans jamais l'avoir habitée (8 août 2013)
- Arnaque immobilière en Lorraine : le cauchemar des propriétaires (19 août 2013)
- Reportage sur la visite de Cécile Duflot à Cutry (6 janvier 2014)