Ils étaient un bon millier, rassemblés devant l'hôtel de ville de Zweibrucken. Allemands, français, élus, salariés ou simples utilisateurs... Tous décidés à contester une "triste réalité" qui pourrait bien condamner l'aéroport des vacances, implanté sur l'ancienne base américaine de Deux Ponts
Depuis quelques jours, le ciel s'est assombri au dessus de la ville de Rhénanie Palatinat. Depuis une exigence des instances européennes qui demandent rien moins que le remboursement des 56 millions d'euros versés par le Land depuis une bonne dizaine d'années. Alors que l'aéroport a réussi à trouver sa vitesse de croisière, avec certes un déficit d'un peu plus de 2 millions...
A cette question du déficit, les dirigeants de la structure répondent qu'ils "ne connaissent aucun aéroport régional à l'équilibre"...et que, "au vu d'autres exemples, la gestion est très satisfaisante".
Ils font allusion notamment à l'autre aéroport situé dans le Land : celui de Francfort Hahn (situé à 130 km de la ville, abritant en particulier la compagnie Ryanair, et affichant pour sa part un déficit de 120 millions d'euros).
Toutefois, à ce jour, seul l'aéroport de Zweibrucken est menacé par la commission européenne. Pour deux motifs :
- trop proche de Sarrebruck, dans le Land voisin (à 40 km), alors qu'une directive européenne invite à laisser une distance d'au moins 100 km, pour éviter trop de concurrence
- et nécessitant des subventions pour l'activité de marketing (comme l'ensemble des aéroports régionaux)
Depuis, les mandataires disposent de 3 mois (voire davantage) pour trouver d'éventuels repreneurs : ceux ci ne seraient pas tenus de rembourser les sommes en question, et ne seraient pas tenus de conserver les 115 salariés.
Parallèlement, c'est toute une population qui s'offusque : au delà des solutions éventuelles, cette population conteste cette démarche européenne, manquant de bon sens... Ce lundi 28 juillet, elle est venue manifester.
Dans le cortège, ce lundi soir, plus de 1000 personnes. Un ministre, un député, plusieurs élus de la ville de Zweibrucken et de l'agglomération...
Auxquels se sont ajoutés d'autres élus, côté français : en particulier ceux du Pays de Bitche, distant d'une vingtaine de kilomètres du site. Arborant leur écharpe de maire, ils ont fait le déplacement pour dire "stop à l'absurdité", et appeler "à un retour du bon sens".
Le maire d'une commune de 1500 habitants, et vice président de l'agglomération de Bitche explique ainsi :
"c'est n'importe quoi ; après, ne nous étonnons pas d'une telle abstention aux élections européennes...ou d'un succès des partis anti européens". L'élu se dit pourtant europhile convaincu.
Autre commentaire d'un élu de Bitche : "pourquoi ne nous posons donc pas la question de l'utilité d'un service public ?" En ajoutant : "telle une piscine ou une crèche, un aéroport peut répondre au besoin d'une population ; pourquoi l'Europe vient elle empêcher que les choses se passent bien ?"
S'il y a un argument utilisé par la commission européenne, et qui passe particulièrement mal dans le groupe des manifestants, c'est bien celui de la concurrence avec Sarrebruck :
Nous comprendrions s'il y avait une véritable concurrence entre les deux plate formes, si celles ci proposaient les mêmes vols, dans les mêmes conditions, et pour les mêmes destinations ; or, c'est loin d'être le cas, puisque l'un est spécialisé dans les City Trip, alors que l'autre propose des vols vacances avec des avions beaucoup plus lourds. Et nous ne pouvons pas regrouper ces activités ! En raison de la longueur de la piste de Sarrebruck, les avions ne peuvent pas partir pleins jusqu'en Turquie ! Et en raison des bâtiments inadaptés, Zweibrucken ne peut pas accueillir des vols d'affaires vers des destinations comme Berlin ou Londres. Les deux aéroports ne sont donc pas concurrents mais complémentaires !"
Au delà de la survie de l'aéroport, des élus disent ne pas exclure un recours contre la commission européenne...
Pour mieux comprendre, voyez notre reportage sur place ce Lundi...