Les émaux de Longwy rêvent d'un nouvel âge d'or

Réputés au temps du japonisme puis de l'Art déco, avant de tomber en désuétude, les émaux de Longwy (Meurthe-et-Moselle), des faïences chatoyantes uniques en leur genre, tentent aujourd'hui de séduire les fortunes des pays émergents pour rebondir.

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Dans son atelier étroit, Lionel Laurent peint la maquette d'un décor inhabituel: la "skyline" rutilante de Doha, au Qatar, "une commande spéciale de la famille royale" du riche émirat, précise-t-il. "Le problème c'est que par rapport aux photos qu'ils nous ont envoyées, de nouveaux gratte-ciel ont été construits entretemps" s'amuse le directeur de production de la faïencerie historique des émaux de Longwy (Meurthe-et-Moselle), la plus importante de la ville avec sa quarantaine de salariés.

La manufacture est un peu à l'image de Longwy: comme l'ancienne citadelle de Vauban et ex-place-forte de la sidérurgie lorraine, elle se prévaut d'un passé glorieux. Et comme Longwy aujourd'hui, elle se serre la ceinture, tout en cherchant à relever la tête.

La faïencerie souffre notamment de l'hémorragie des boutiques des arts de la table en France, ses principaux distributeurs, ce qui la pousse à ouvrir elle même de nouveaux points de vente, comme à Paris récemment.

"En dix ans, le nombre de nos revendeurs a été divisé par cinq" résume Arnold Kostka, le président de l'entreprise familiale, dont le chiffre d'affaires a fondu quasiment de moitié sur la même période, pour s'établir à 1,7 million d'euros l'an dernier. Et les ventes à l'étranger ne concernent actuellement que 10% de la production.
"Nous vendons bien au Brésil, alors qu'en Russie c'est compliqué. Et nous allons bientôt avoir une vente test en Chine", annonce M. Kostka.
Son optimisme reste prudent. Car "le luxe intérieur ne se vend pas toujours bien dans les pays émergents, qui ont tendance à privilégier les signes de richesse extérieurs", analyse-t-il.

"On n'est pas non plus ce qu'attendent les clients d'un produit Made in France: on est trop petit, pas assez connu, mais on a les prix d'une grande marque. On est toujours obligé d'expliquer." Arnold Kostka, le président de l'entreprise familiale et faïencerie historique des émaux de Longwy.

De l'émail au goutte à goutte

Fabriquer des émaux coûte cher. La mise au point d'une nouvelle teinte peut nécessiter jusqu'à 20 essais au four et la décoration d'un vase polychrome jusqu'à une semaine de travail.
Car les terres cuites, une fois imprimées d'un trait d'encre noire hydrofuge, un traitement imperméabilisant pour cloisonner les futures couleurs, sont décorées d'émail coloré, savante alchimie de poudre de cristal et d'oxydes métalliques, posé au goutte à goutte, au moyen de bâtonnets ou de seringues électriques.
Les pièces émaillées adoptent d'abord des tons pastels, effacés. Le résultat après deux cuissons à 750°C n'en est que plus spectaculaire: un feu d'artifice de couleurs, un volume et une profondeur rarement égalés par la faïencerie classique. De fines couches de métaux précieux sont ajoutées au pinceau avant une ultime cuisson. Un passage final à la terre de sienne révèle les délicates craquelures de l'émail.

L'émail cloisonné sur faïence "est l'adaptation d'une technique ancienne, mais Longwy a développé un style très particulier" à partir des années 1870, pour riposter aux importations massives d'Extrême-Orient, rappelle Anne Lajoix, spécialiste des arts céramiques à Paris.

La faïencerie a connu son apogée dans les années 1930, en pleine mode Art déco, où elle collaborait avec les ateliers d'art des grands magasins parisiens, comme Primavera pour le Printemps ou Pomone pour le Bon Marché.
Les émaux de cette époque restent les plus prisés des collectionneurs. En 2007 un modèle "Boule Coloniale" de 1931, à décor de végétation et de flore luxuriante, s'était vendu pour près de 12.000 euros lors d'une vente aux enchères de Drouot.
En 2011, une riche collectionneuse franco-américaine avait même légué 500.000 dollars à la ville de Longwy, afin de remettre en valeur son Musée municipal des émaux et faïences.

"On doit tous travailler dans le même sens pour redonner de l'élan" aux émaux, selon le député-maire de Longwy Jean-Marc Fournel (PS), qui envisage une labellisation pour les protéger et consacrer leur spécificité.
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