Bleuforêt , une usine nichée au coeur des Vosges résiste encore et toujours à l'envahisseur "mondialisation". Une histoire de famille, de fierté, de fil et de textile 100% Made in France. Voici 3 raisons de regarder "Du fil à retordre" d'Anne Gintzburger en replay.
Si l'on vous dit textile des Vosges, vous pensez à quoi ?
Conflits sociaux. délocalisations, crise du textile ?
C'est en effet, dans les grandes lignes, l'histoire des vallées des Vosges.
Mais ce n'est pas ce que veut nous raconter Anne Gintzburger, la réalisatrice de "Du fil à retordre".
Voici les trois raisons pour lesquelles il faut voir son documentaire de 52 minutes. (co-production Chasseur d'étoiles et France Télévisions) en replay ici.
1. Ne pas résister à un brin de nostalgie
Comme une image d'Epinal, ou un dessin d'enfant, lorsqu'il faut représenter une usine, c'est toujours la même image qui nous vient : un toit rouge, en succession de triangles, et une grande cheminée.
Les vallées vosgiennes comptent encore quelques friches de ces anciennes filatures et usines textiles qui ont fait sa richesse passée.
C'est avec Manu, l'ouvrier de Bleuforêt, que nous replongeons dans cet univers d'antan, abandonné, mais dont la trame résiste encore aux effets du temps. Son chien nous guide au milieu des vestiges des anciennes filatures, à la recherche d'objets vintage laissés par les anciens.
Manu, avec une nuance de mélancolie se remémore cette époque où le textile faisait vivre toute une vallée autour de ses cours d'eau :
Les cars qui venaient chercher les ouvrières pour les emmener à l'usine
Et c'est avec Myriam que l'émotion monte lorsqu'elle évoque les vagues successives de licenciements :
"On en a vu pleurer. À l'époque, ils étaient pas humains : il y avait une liste accrochée au mur et on se battait pour voir si notre nom était sur la liste ou pas."
2. Porter haut les couleurs du 100% made in France
"Enracinés comme les sapins", les ouvriers sont heureux de pouvoir rester dans leur petit coin des Vosges. D'autant plus heureux, qu'ils savent qu'ils fabriquent un produit de qualité, 100% made in France.
Le patron, Vincent Marie, a investi 1,5 million d'euros dans de nouvelles machines. L'enjeu est de taille : fabriquer une nouvelle ligne de collants.
Et c'est au prix de nombreux ajustements des machines, d'une multitude de paires défectueuses et de la persévérance des uns et des autres que la collection verra la jour. Une fierté à tous les échelons de la fabrication. Et une grande responsabilité de chacun aussi.
Ils sont fiers, en effet de savoir que leurs chaussettes, leurs collants seront choisis par des clients exigeants, qui réclament toujours plus de qualité. Fiers aussi que leurs chaussettes, leurs collants se retrouvent partout dans le monde. Car le label "made in France" rayonne partout dans le monde.
Sandra résume :
On sait ce qu'on fabrique, on sait la qualité. C'est une fierté de faire français et on le vend partout !
Et cerise sur le gâteau, parmi leurs clients, des vedettes. Dont le champion de VTT, et voisin vosgien Julien Absalon.
Quand on l'a vu aux JO, on guettait ses chaussettes !
3. Avec pudeur, dévoiler ses amours
Un petit air d'histoire de famille.
Myriam avait déjà sa maman qui travaillait chez "Tricotage des Vosges". Elle, elle y travaille depuis 34 ans et a pu faire entrer sa fille à l'usine.
À la pause, c'est en partageant, les madeleines maison de sa collègue Corinne, que Sandra, fille de Myriam livre ses impressions.
je suis fière de venir au travail de ma maman
Tandis que Myriam de son côté "espère terminer sa carrière avec sa fille dans l'entreprise."
Quant à Corinne, elle a transmis son savoir-faire à Sandra. Elle partage sa vie avec René, qui lui, passe de petits boulots en petits boulots, en attendant sa retraite, qui doit arriver dans 5 ans. Ils s'aiment, ces deux-là, au point d'accepter le retournement des rôles dans le couple. Les hasards de la vie vont étonner Corinne en toute fin du documentaire. - je ne gâche pas votre plaisir, vous verrez par vous-mêmes -.
C'est un tout petit monde !
Et même lorsqu'il parle de son patron, Manu finit par lâcher :
Peut-être qu'il nous aime bien ! On sait très bien qu'il pourrait aller investir ailleurs, mais c'est ici qu'il reste !
Ils sont attachés à leurs familles, à leurs collègues, à leurs postes de travail, malgré les difficultés. Ils aiment aussi plus que tout leur vallée, leur petit coin à eux.
C'est toutes ces histoires d'amour partagées que raconte "du fil à retordre"