Alors que la SNCF réunissait les proches des victimes à Paris, le quotidien met en cause la décision du cadre transport de repousser d'un kilomètre la zone de freinage par rapport à la feuille de route initiale. Le 14 novembre à Eckwersheim, l'accident faisait 11 morts et 42 blessés graves.
Le 8 février dernier, dans une note d'étape, le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) confirmait que la "vitesse très excessive" de la rame d'essai d'un TGV était la "cause unique" du déraillement.
Ce samedi, le quotidien national Le Parisien affirme qu'une erreur humaine a causé l'accident. Le journal explique avoir consulté des documents dans lesquels le cadre transport traction "confie aux gendarmes avoir freiné au PK 401 alors que la feuille de route prévoyait de le faire un kilomètre plus tôt, au PK 400, afin de passer de 330km/h à 176 km/h".
Le journal relate les propos qu'aurait tenu le cheminot auprès des gendarmes chargés de l'interroger. "Il (le cheminot) invoque le trajet aller, dans le sens Meuse-Strasbourg : « Tout s'est bien passé. On avait même beaucoup de marge. [...] On avait déjà atteint la vitesse de 160 km/h après seulement 2 km, alors que nous étions partis sur une distance de 4 km pour réduire notre vitesse. » Aux enquêteurs, il explique que, sur le trajet de retour, il a « demandé au conducteur de freiner à la vue du kilomètre 401 puisque au premier essai nous avions constaté que nous avions encore de la marge ».
Le train a déraillé trois kilomètres plus loin. Le quotidien national cite une source proche du dossier, selon laquelle « cette décision de changer ce qui était prévu par rapport à la feuille de route est incompréhensible ».
Dans sa note d'étape rendue publique le 8 février dernier, le BEA-TT précisait que les éléments "ne permettent pas a priori de remettre en cause le sérieux" du personnel en charge de l'exécution des essais "ni de mettre en évidence que la présence d'invités à bord de la rame (...) ait pu jouer un rôle significatif dans l'accident". Selon le BEA-TT, l'exploitation des données de l'enregistreur embarqué dans la rame permet "d'affirmer que l'excès de vitesse constaté était dû uniquement à un déclenchement du freinage trop tardif d'environ 12 secondes", estime ce rapport.
Cet accident constitue le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981.
Le bureau d'enquêtes souligne que les causes de ce déclenchement tardif du freinage apparaissent "multiples" et ne sont "pas encore complètement établies".
Selon Me Chemla, avocat de plusieurs familles de victimes, "le vrai débat repose sur l'intégration de la faute humaine prévisible dans l'organisation collective de la sécurité. Si cette faute humaine suffit à faire dérailler un TGV, comment conçoit-on la sécurité de ces essais?", s'interroge l'avocat.
L'enquête du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre n'est pas terminée. Les enquêteurs s'interrogent « sur les conditions de réalisation de ce type d'essais en survitesse ».
Les proches des victimes réunies à Paris
Quatre mois après le déraillement en Alsace de la rame d'essai de TGV, la SNCF réunit pour la première fois samedi à Paris les familles des victimes, afin de leur présenter un "processus d'indemnisation amiable de leur préjudice", selon un avocat de plusieurs familles, contacté par l'AFP."Depuis le 14 novembre, il y a eu des prises en charge des frais mais pas d'indemnisation de préjudice. La SNCF, comme cela se passe dans ces accidents, met en scène un processus amiable d'indemnisation afin de proposer quelque chose d'efficace", a expliqué à l'AFP Me Gérard Chemla, avocat de plusieurs familles de victimes.
De son côté, la SNCF a expliqué à l'AFP que "cette première réunion" depuis le drame, est "l'occasion de rencontrer les familles, leur expliquer ce qui s'est passé, leur dire où en est l'enquête et comment les choses vont se dérouler, en abordant le volet juridique". Elle a par ailleurs assuré qu'il "n'y aura pas de prise de parole de la SNCF" en marge de cette réunion.