Adrien Vonarb, une vie au rythme du Rhin

Adrien Vonarb est un amoureux du Rhin. Pêcheur professionnel depuis 30 ans, il passe à présent le flambeau à Jérémy Fuchs, qu'il a formé pendant deux ans. Même à la retraite, le Rhin n'est jamais loin. Adrien Vonarb joue de l'accordéon et compose des morceaux que lui inspirent le Rhin.
 

"Ah, voilà un beau barbeau !", s’exclame Adrien Vonarb. En ce vendredi matin, il est à peine 8h et Adrien Vonarb n’en est pas à sa première prise. Mètre par mètre, il relève les filets, debout sur sa barque. "Les filets ont été calés hier soir. En fonction de la Lune et de la météo, je décide s’il vaut mieux pêcher en direct en journée ou s’il faut laisser les filets une nuit pour optimiser les chances d’avoir du poisson".

En tant que pêcheur, Adrien Vonarb doit sans cesse s’adapter. Surtout, il laisse faire la nature. "Je pêche ce que la nature me donne. S’il y a des jours où on n’a aucune prise, on revient le lendemain, on ne force pas".

Adrien Vonarb a remis en place un métier qui n’existait plus depuis des décennies sur le Rhin, celui de pêcheur professionnel. Il y a 30 ans, il s’est lancé, tout en changeant de mentalité par rapport à la pêche qui se pratiquait : "Avant, on ne pensait qu’à soi. On pêchait ce qui se vendait le plus, comme les carnassiers par exemple. On ne pensait pas à l’avenir." Or le Rhin compte 85% de poissons blancs. Pour Adrien Vonarb, "le problème, c’est que de nos jours on n’a pas envie de s’embêter avec des arêtes", ce qui rend les poissons blancs mal aimés, selon le pêcheur.

Adrien Vonarb a trouvé la solution : "je transforme les poissons en quiches, tourtes, pâtés en croûte… tout ce qui se fait au niveau de la charcuterie, mais avec du poisson !". C’est pourquoi il ne choisit pas les poissons selon leur sorte mais selon la taille. Il attend que les poissons se soient reproduits 5, 6 voire 7 fois pour qu’ils soient pérennes.
 

Après 30 ans d’activité, Adrien Vonarb prend sa retraite. Il passe le flambeau à Jérémy Fuchs, trentenaire, qu’il a formé. "Il a eu deux ans de piqûre, maintenant, c’est à lui de travailler !" dit-il, tout sourire. "Un beau jour, je suis allé voir Adrien pour lui demander s’il cherchait un successeur. J’avais fait un stage de deux semaines chez lui il y a des années", raconte Jérémy Fuchs. "Je ne me voyais pas travailler dans un bureau. Je l’ai déjà fait, et franchement, ce n’est pas pour moi !", poursuit-il.

Alors Jérémy Fuchs a choisi un cadre naturel, extérieur, au Rhin. "J’aime le fait que chaque jour soit différent. Aujourd’hui, il y a du vent, hier, il y avait du soleil, aujourd’hui, on pêche peu de poissons, hier, on en a eu plus. Ce n’est jamais pareil !".
 
Pour Adrien Vonarb, la retraite signifie le retour à son premier amour : la musique. Il joue de l’accordéon depuis l’âge de 10 ans. En 2011, il s’est mis à l’accordéon digital : "il faut bien aller avec son temps !", déclare-t-il en riant. Véritable passionné, il compose des morceaux que le Rhin lui inspirent.

"Un jour, je me promenais au bord du Rhin et j’ai aperçu un homme avec son fils, en train de faire des ricochets. Immédiatement, en entendant le bruit des cailloux sur l’eau, j’ai eu une mélodie en tête." Il a alors tout de suite écrit ce qu’il pensait, pour ne pas oublier. "Si on ne le fait pas, la mélodie est perdue à tout jamais !", estime le pêcheur. Et peu importe l’heure : "il n’est pas rare que je me couche à minuit et qu’à 1h, je sois dans la cuisine en train d’écrire des morceaux", confie-t-il.

Quand il pense à son parcours professionnel, Adrien Vonarb se montre enchanté. "Si je devais tout recommencer, je referais tout, exactement de la même manière !". Une belle conclusion après 30 années de pêche professionnelle.