Rund um. C'est un constat : le nombre d'enfants maîtrisant l'alsacien s'est réduit à peau de chagrin ces dernières années. Pour tenter d'apporter une solution à cette problématique, le FILAL (Fonds International pour la Langue Alsacienne) a ouvert une micro-crèche en immersion complète à Neuwiller-lès-Saverne. Les tout petits n'y entendent parler que l'alsacien et l'allemand.
Première arrivée le matin à 7h30, Louna était aussi le tout premier bébé inscrit à la micro-crèche du Storchennest, dès son ouverture en octobre 2022. Sa maman, Maureen Wantz, est une convaincue de la première heure. "Je ne parle pas suffisamment l'alsacien pour le transmettre à ma fille, mais pour moi c'est important", nous explique-t-elle. Alors, l'annonce de l'ouverture de cette structure en immersion complète l'a vite séduite.
Une crèche pionnière, financée par des dons
Ainsi, huit enfants, de 2 mois et demi à 3 ans, sont inscrits pour l'instant dans cette crèche. L'idée de départ, c'est de n'y parler qu'en alsacien, pour que les tout petits aient cette musique dans l'oreille et qu'ils acquièrent des facilités pour parler le dialecte. Parmi les trois animatrices (dont la directrice), Julia Diezel est allemande. Originaire de Bavière, elle parle la langue de Goethe aux enfants, aux sonorités très proches de l'alsacien. Elle échange dans sa langue, ainsi qu'en alsacien, avec ses collègues. "Je ne connaissais pas cela dans les autres crèches bilingues dans lesquelles je travaillais, ont parlait toujours français entre collègues, il n'y avait pas de continuité". Ici, la logique est poussée jusqu'au bout.
Une structure comme celle-ci manquait en Alsace, d'après le FILAL (Fonds International pour la Langue Alsacienne). Jean Peter, membre du Conseil d'Administration, nous explique qu'il n'existait jusque-là aucun établissement en immersion pour les tout petits avant la maternelle. Mais l'ouverture de cette crèche ne s'est pas faite sans efforts. Le FILAL a déboursé plus de 100.000 euros, financés par des dons de sympathisants de la langue alsacienne, pour effectuer les travaux dans le sous-sol de l'école maternelle, mis à disposition par la commune de Neuwiller-lès-Saverne. Sans aucune subvention.
Dix ans d'efforts pour convaincre
"C'est un projet vieux de dix ans", nous révèle la présidente du FILAL, Christiane Metzger. Elle pointe du doigt la frilosité de certains maires, leur "manque de courage" selon elle pour ouvrir une micro-crèche en immersion complète. Seul le premier édile de Neuwiller-lès-Saverne, Daniel Burrus, leur a ouvert la porte. Pour lui, l'installation de cette crèche participe d'une volonté de renforcer l'apprentissage de l'alsacien en maternelle, "dès la rentrée prochaine, lors de la création d'un regroupement scolaire avec des communes voisines", explique-t-il.
La crèche du Storchennest, gérée par l'AGF (Association générale des familles), propose encore des places. "Nous pouvons accueillir jusqu'à 12 enfants par jour", explique la directrice, Nathalie Adolff. C'est le nombre d'enfants nécessaire pour commencer à être rentable. Quant au tarif, il est équivalent à celui d'autres crèches privées. Avec la petite musique du dialecte dans les oreilles.
